Un bel article sur la biennale de céramique dans Sud-Ouest
03 août 2021
Dordogne : quand l’homme façonne la terre à l’aide du feu
Par Benoît Martin - [email protected]
Cet été 2021 sera fait de céramique : le collectif Génération céramique propose sa 9e biennale au domaine de Montagenet, près de Nontron, en Périgord vert
La céramique, quèsaco finalement ? C’est l’art de transformer des argiles en poteries, faïences, porcelaines ou grès après façonnage et cuisson à de hautes températures. C’est tout simplement « le premier art du feu à apparaître, avant le travail du verre et du métal, à la fin de la préhistoire, au Néolithique », si l’on en croit la Manufacture de porcelaine et le Musée national de céramique de Sèvres. « La céramique est non seulement un marqueur culturel dans la plupart des sociétés mais aussi le matériau le plus abondant que l’Homme ait créé. »
La diversité infinie des formes. Michel Faure / “Sud Ouest”
« Utilitaire ou expression artistique, elle reflète les changements des modes de vie et témoigne des progrès techniques, poursuit le musée-manufacture. Objet du quotidien, sujet d’étude ou œuvre d’exception, la céramique demeure une source inépuisable d’inspiration. » Tout est dit. Voilà pourquoi un petit détour par la 9e biennale du domaine de Montagenet, près de Nontron (Dordogne), d’ici le 22 août, n’a rien de superflu.
Huit imaginaires, techniques et énergies créatrices s’offrent aux visiteurs à l’occasion de cette biennale : celles des quatre membres du collectif Génération céramique et celles de leurs quatre artistes invités pour cette édition 2021.
Transformations
Tristan Chambaud-Héraud, le créateur de la manifestation, triture la thématique des bouteilles. Il joue avec les formes, les matières et les textures et leur fait perdre leur identité figée. Une salle d’exposition est entièrement consacrée à la transformation de cet objet bien identifié. Virginie Preux, autre membre du collectif, montre à quel point la céramique peut être organique et questionner nos sens.
Boris Cappe fait découvrir une partie de sa série « Cabane » : de minuscules maisons perchées sur des rocs – à moins que ce ne soit des abdomens d’insectes bienveillants – questionnent notre rapport à l’isolement et à la solitude. Enfin, l’œuvre d’Arnaud Erhart n’est pas la moins troublante avec ses sculptures humanoïdes, entre « aliens » venus d’ailleurs et post-humains aux capacités décuplées.
Arnaud Erhart propose des sculptures humanoïdes entre aliens et transhumains. Michel Faure / “Sud Ouest”
Du côté des artistes invités, Patrick Rollet se joue des deuxième et troisième dimensions. Avec lui, c’est fou ce qu’un plat peut receler de profondeur. À l’opposé, l’artiste s’empare des volumes en revisitant la figure des Vénus paléolithiques.
Les plats de Patrick Rollet, de la profondeur en deux dimensions. Michel Faure / “Sud Ouest”
Nicolas Roscia partage ses impulsions de formes, ses jaillissements de couleurs. Comme Virgine Preux, Mathilde Sauce offre des œuvres organiques mais anthropomorphes. Enfin, tel un intrus dans ce monde des volumes, le peintre Philippe Joseph Baschet revisite la nature morte en saisissant la terre brute devenue artefact au sortir du four.
Cette biennale, installée dans un lieu magnifique, est un voyage à travers le temps, les matières, les formes et vient rappeler la beauté, la fragilité et la singularité de tout acte de création.
Pratique
Tous les jours de 14 h 30 à 19 heures, jusqu’au dimanche 22 août au domaine de Montagenet, à Saint-Martial-de-Valette, près de Nontron. Gratuit. Renseignements sur le site domaine-de-montagenet.com.
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