Vers 2007, j’ai eu le projet d’implanter une éolienne sur le domaine de Montagenet pour accéder, partiellement ou intégralement, à l’autonomie énergétique. J’ai fait mener des études sur plus d’une année, leur conclusion a été sans appel : il n’y a pas assez de vent ici, ce projet n’est pas économiquement viable et ne garantira pas l’autonomie souhaitée. J’ai donc renoncé.
C’est assez dire que je n’ai pas l’esprit fermé par principe sur les éoliennes.
Douze ans plus tard, il n’y a pas plus de vent ici, mais les projets d’implantation d’aérogénérateurs industriels se multiplient dans la région… au nom du pèze et du fric et de la transition écologique.
Si l’on parle d’aérogénérateurs industriels plutôt que d’éoliennes, c’est que les héritières gracieuses et poétiques des moulins à vent, hautes de 30 à 50 m, sont devenues des mastodontes de 200 à 240 m (soit 4 à 5 Arcs de Triomphe empilés ou 66 à 80% de la hauteur de la Tour Eiffel -300 m+ 24 m d’antennes-), avec des pales de 70 m, des milliers de tonnes de béton enterrées pour les faire tenir debout, des routes à élargir ou à créer de toutes pièces pour acheminer les éléments du monstre avant montage…
Et tout cela, pour une durée de vie d’une trentaine d’années. Après quoi, il faudra démonter les aérogénérateurs avant qu’ils ne se cassent la figure. Le démantèlement sera à la charge des propriétaires des terrains. On peut prévoir qu’il leur coûtera plus cher que les loyers perçus pendant la période d’exploitation.
Mais ce n’est pas eux qui paieront, c’est leurs enfants ou leurs petits-enfants. Et s’il s’agit de terrains communaux, ce ne sont pas les élus actuels qui s’arracheront les cheveux, ce seront leurs lointains successeurs et leurs électeurs. Ça, c’est de la gestion ! Après moi, le déluge !
Résumons-nous : sur un territoire où il n’y a pas de vent, dont les paysages préservés constituent, pour le présent et l’avenir, des gisements remarquables de beauté, de bien-vivre et de prospérité, sur le territoire d’un Parc Naturel Régional, dont la mission est de préserver l'environnement sous toutes ses formes, on envisage sans vergogne, au prétexte fallacieux de la transition écologique, de mutiler les paysages et l’environnement, de raser des forêts, de bétonner des clairières, de mettre en danger 99 espèces végétales inscrites au répertoire des espèces à statut protégé, de transformer le couloir principal de migration des grues cendrées et autres oiseaux en parcours d’obstacles meurtrier…
Utilité sociale et économique plus que discutable, bilan écologique désastreux : la transition écologique a bon dos !
Et pourquoi ce gâchis ? Pour permettre à quelques entreprises agiles, cotées en Bourse, de construire, à coups de subventions, de dérogations, de dossiers truqués, de fake news, voire de dessous de tables, des châteaux en Espagne à la rentabilité économique douteuse, dont elles se débarrasseront au plus vite, après travaux, en les refourguant à prix d’or à des exploitants exotiques réputés moins malins ou moins gourmands.
L’exploitation de ressources renouvelables pour la production d’énergie doit évidemment être encouragée, ici comme ailleurs. Mais pas n’importe comment : on a, entre autres, sur notre territoire, un ensoleillement important, des ressources hydrauliques considérables, notamment liées à la multiplicité des étangs. Le développement du solaire et de l'hydraulique décentralisés permettrait au territoire d’acquérir son autonomie énergétique, avec un minimum de nuisances… Quitte à ce que des fermes d’aérogénérateurs industriels soient implantées massivement dans des zones venteuses, non-peuplées, non protégées…
Comme dit l’autre, “The answer my friend’s NOT blowing in the wind“. Non, mes amis, la réponse ici ne sera pas dans l’éolien industriel. On y veillera.
P.-S. : les hébergeurs du territoire, inquiets pour l’activité touristique, menacée par le développement annoncé des aérogénérateurs industriels, se mobilisent depuis le printemps. Des élus se mobilisent également.
Mais d’autres, hypnotisés par les maigres subsides qu’on leur fait miroiter, envoutés par le mirage d’un développement économique non raisonné ou égarés par une conscience écologique mal digérée, se font les défenseurs et les promoteurs de ces projets.
Au bout, si la raison ne l’emporte pas chez les décideurs, c’est la population dans son ensemble qui devra trancher.
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