Carnets de nuit

Economie et finances : la chute s'accélère

Euro : 1,487 $ (nouveau record aujourd'hui)
Baril de pétrole : 99,29 $ (nouveau record aujourd'hui)
CAC 40 : 5.361,68 (sous le seuil des 5.400 points, au plus bas du jour)
DJ : 12.799,04 (sous les 13.000 points, au plus bas du jour)
Nasdaq : 2.545,88 (sous les 2.600 points, au plus bas du jour)
Nikkei : 14.837,66 (sous les 15.000 points)
Stocks de pétrole aux USA : au cours de la dernière semaine, diminution du stock de 1,1 million de baril (le consensus tablait sur une hausse de 600.000 barils). Réserve de produits distillés : -2,4 millions de barils (consensus : -0,3 million)

Que des bonnes nouvelles, auxquelles il convient d'ajouter la confirmation par un rapport de l'OCDE de ce qu'on a déjà dit ici, depuis plusieurs semaines et à plusieurs reprises : “D'après l'OCDE, les pertes liées à la crise du "subprime" aux Etats-Unis pourraient, en effet, atteindre la coquette somme de 300 milliards de dollars“ : on es loin des 2.000 milliards de dollars indiqués par Goldman Sachs et repris ici hier, mais lisez la suite.

“Mais ce n'est pas tout : l'Organisation pour la coopération économique et le développement estime que le pire n'est pas passé. A en croire le rapport publié aujourd'hui, 890 milliards de dollars de crédits hypothécaires à haut risque seront réajustés en 2008, avec un pic en mars.

“Il est encore prématuré pour tirer des conclusions définitive", estime le rapport, qui ajoute : "les ajustements interviennent souvent par vagues successives et il faut généralement attendre plusieurs mois avant que la hausse des charges de financement ne se fasse réellement sentir sur les entreprises et les consommateurs", précise l'OCDE.

“Comment trouver une issue à la crise? Selon l'OCDE, les abaissements de taux par la Fed ont engendré une euphorie qui ne s'est pas propagée en dehors de marchés actions. Par ailleurs, l'organisation salue l'initiative de Citigroup, Bank of America et JP Morgan qui créent actuellement un fonds géant pour venir en aide aux établissements financiers en reprenant leurs fonds structurés. "L'idée du super-SIV fournit clairement un mécanisme qui donne le temps aux cours de Bourse pour s'ajuster. Le temps est la clé pour résoudre les turbulences", explique l'OCDE.

“Un avis que partage apparemment Henry Paulson, secrétaire américain au Trésor, qui déclare aujourd'hui "il faudra du temps" pour que les marchés se redressent après la crise du crédit. "Il faut s'attendre à de la volatilité et des mauvaises surprises", a t-il indiqué.“

Bon. Ben on est mal.

Subprimes : un trou de 2.000 milliards de dollars ?

Les grévistes, affirme Christine Lagarde, font perdre à la France 300 ou 400 millions d'Euros par jour. C'est beaucoup, en effet.

Mais je ne l'ai pas entendue s'exprimer de la même manière sur le chiffre de 2.000 milliards de dollars : c'est, selon Le Monde d'aujourd'hui, reprenant des calculs de Goldman Sachs, ce que pourrait coûter la crise des subprimes aux banques, c'est-à-dire, en définitive, à nous, sous forme d'agios, de commissions de compte, etc.

Aux débuts de la crise financière, cet été, la Réserve fédérale américaine (Fed) en avait chiffré l'impact à 100 milliards de dollars. En octobre, la Deutsche Bank avait porté ce chiffre à 400 milliards de dollars. Nous voici rendus à 2.000.

Ça fait environ 307 dollars par être humain vivant ; c'est comparable au PIB britannique ou français (environ 2.177,7 milliards de dollars  en 2005) et supérieur au PIB italien (1 724,9 milliards de dollars).

En fait, cette crise, c'est un peu comme si la France disparaissait de l'économie mondiale pendant un an. Ça ferait moins de grévistes mais, surtout, moins de champagne...

20% du PIB indien serait généré par le travail illégal des enfants

Lu dans Le Monde daté de demain : “d'après les ONG, 60 millions d'enfants travailleraient illégalement en Inde. Selon les Nations unies, leur travail représenterait 20 % du produit intérieur brut local.“

Plus dure sera la chute

Pétrole : 92,22 $ le baril aujourd'hui. Ce prix se rapproche, jour après jour, de son record du 2e choc pétrolier, en 1981 : 101 $ en dollars constants.

Euro : 1,4394 $. Aujourd'hui, nouveau record absolu face au dollar.

Les Bourses poursuivent imperturbablement leur hausse. Cherchez l'erreur.

La dette, toujours la dette...

Lu dans Le Monde, daté de demain, ce chiffre officiel qui agrave ceux donnés ici il y a 4 jours : “Au deuxième trimestre de 2007, l'ensemble de la dette publique (Etat, organismes d'administration centrale, collectivités locales et Sécurité sociale) a augmenté de 32,3 milliards d'euros par rapport au trimestre précédent, a annoncé, vendredi 28 septembre, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

“Elle atteint le niveau record de 66,6 % du PIB à 1.216,4 milliards d'euros. Le niveau de la dette publique est bien supérieur au taux du pacte de stabilité européen, fixé à 60 % par l'Union européenne.“

Ce chiffre doit être quasiment doublé et augmenté de 900 à 1.100 milliards d'Euros, représentant les  principalement les retraites estimées des agents de l'Etat, des collectivités et de ceux des entreprises nationales.

La dette publique US : 9.024 milliards de dollars

9.024 milliards de dollars : c'est le montant de la dette publique américaine à date, tel que comptabilisé live ici.

Elle augmente actuellement d'environ 1,46 milliards de dollars par jour.

Ci-dessus, on voit l'évolution de la dette depuis 1940 (à gauche, en chiffres absolus, à droite, en données corrigées de l'inflation).

Sur le schéma ci-dessous, la liste et le niveau des principaux créanciers de l'Amérique, notamment détenteurs de bons du trésor américain.

Vertigineux, non ? Et, en plus, évidemment, à ces niveaux-là, non remboursable.

Restez calmes, mais vous pouvez commencer à prendre votre place dans la queue :)

Bon, c'est pas fini. Ça, c'était pour la dette publique (Etat Fédéral, plus les 50 Etats).

Maintenant, regardez le total ci-dessous. On monte à quelque 28.000 milliards de dollars, si l'on ajoute à la dette publique, celle des ménages et des entreprises.

Le PIB 2006 des Etats-Unis se monte à 13.244 milliards de dollars. La dette totale est donc plus de 2 fois supérieure à la production annuelle.

Par comparaison, la France, qui ne se porte pas au mieux, a une dette équivalente à quelque 64% de son PIB.

Pas mal, non ? Tenable longtemps ? Non.

40% d'illétrés, 88% de satisfaits, qui dit mieux ?

Selon Le Nouvel Obs de cette semaine, 40% des collégiens sont, à des degrés divers, touchés par l'illétrisme. 

Selon un sondage TNS Sofres publié aujourd'hui, “88% des Français concernés (élèves âgés de plus de 15 ans et parents d’élèves), se disent satisfaits de leur école, de leur université, ou de celle de leurs enfants (dont 32% qui se disent très satisfaits).

Ça ressemble à un problème de robinet, auquel je vois cinq solutions possibles :

1• soit les enfants, en plus d'être nuls, truquent leurs résultats pour faire croire à leurs parents qu'ils savent lire et écrire,
2• soit les parents sont eux-mêmes illétrés et ne se rendent compte de rien,
3• soit les profs, dépressifs,  font croire aux parents et aux enfants qu'un bon score à la DS, à la PlayStation ou à la Wii vaut une bonne note en calcul ou en dictée,
4• soit les 12% de non-satisfaits sont les parents des 40% de quasi-illétrés. Alors là, ce serait le bordel, évidemment. Si tout le monde couche avec tout le monde, ça laisse pas le temps de lire,
5• soit l'un des deux chiffres (40% ? 88% ?) est du pipeau.

Choisissez la bonne solution, si toutefois vous avez pu me lire jusqu'ici.

PS - Le sondage TNS-Sofres précise notamment : “Interrogés sur les situations qu’ils rencontrent dans leur école ou celle de leurs enfants, les Français concernés sont 32% à citer « une classe surchargée », 24% « un enseignant ayant des problèmes d’autorité », 23% « un niveau de classe très hétérogène » et 21% « l’absentéisme des enseignants ». Ils sont aussi 14% à citer « une faible attention portée à leur parcours individuel », 13% « une absence de matériel pédagogique adapté » et 11% « des locaux détériorés ou inadaptés ».

“Il existe des écarts de perception entre les élèves et leurs parents.

“Pour les élèves : la moitié (49%) des élèves cite « manque d’autorité des enseignants ». 36% d’entre eux mentionnent « un niveau de classe très hétérogène ». En troisième position, les élèves font référence aux « classes surchargées » (27%). Arrivent ensuite « les locaux détériorés ou inadaptés » (18% des élèves).

“Pour les parents : les « classes surchargées » (35%) arrivent en tête, puis pour 18% d’entre eux un « niveau de classe très hétérogène ». 15% des parents citent « le manque d’autorité des enseignants » et enfin 9% « les locaux détériorés ou inadaptés ».“

 

160.000 milliards de dollars

160.000 milliards de dollars [115.976 milliards d'euros], soit trois fois le PIB de la planète, c'est, selon Le Monde daté du 8 août, la somme actuellement représentée par les actifs financiers .   

Si les détenteurs de ces sommes, largement virtuelles, avaient, par manque de confiance, la curieuse idée d'exiger d'un coup la transformation d'1% de cette somme (1.159 milliards d'Euros) en argent sonnant et trébuchant, les injections de liquidités de la BCE (155,85 Milliards d'Euros entre hier et aujourd'hui), de la Fed (17, 5 milliards d'euros, hier) et de la Banque Centrale du Japon (1.000 milliard de yens, soit 6,2 milliards d'euros, ce matin) seraient loin d'y suffire. Confiaaaance...

75% des français ne se reconnaissent pas dans les pubs

Discussion hier soir avec une spécialiste des études comportementales. Au détour d'un chiffre, elle m'apprend que 75% des hommes et des femmes ne se reconnaissent pas dans les spots de pub, qui leur renvoient une image d'eux-mêmes et de leur vie qui leur reste largement étrangère.

Elle ajoute, en substance : “On essaie bien de le dire aux pubards, mais ça ne les intéresse pas. Moins en tout cas que leurs propres fantasmes de privilégiés.“

Pas plus qu'ils ne sont intéressés par la pénétration et l'impact réel de leurs pubs. On ne sait pas réellement combien de gens et qui regarde les pubs à la télé. Et on se garde bien de chercher à le savoir.

Mais si l'on enlève ceux qui ont déjà éteint la télé, ceux sont pris d'un furieux désir d'évacuation au moment de la pub, ceux qui profitent de l'occasion pour sortir de leur hébétude et relancer leur conversation familiale, amicale ou reprendre leurs “activités normales“, ceux qui zappent sur une autre chaine, ceux qui critiquent  ce qu'ils voient et se servent de ce qu'ils voient à la télé comme d'un punching-ball, ceux qui regardent les images pour la forme, sans les attribuer à une marque ou sans la mémoriser, ceux que la pub plonge dans une léthargie plus grande encore que les programmes, il semblerait qu'il ne reste pas grand monde pour avaler tout cru les messages des “plus grands créatifs du monde“.

Il semble néanmoins qu'il en coûte aujourd'hui 7 fois d'argent en achat d'espace qu'il y a 15 ans pour obtenir une pénétration équivalente d'un message publicitaire.

0,5 € par boite de médicament : et hop, les cardiaques financeront l'Alzheimer !

0,5 €par boite de médicament, c'est le montant de la franchise mise en place par le gouvernement. Pourquoi pas ? Les médecins chargent trop les ordonnances, les français consomment trop de médicaments, les déficits de la sécu atteignent des profondeurs abyssales, ça fera réfléchir tout le monde.

Pourtant, voila une mesure maladroite dans la forme et contestable sur le fond.

D'abord, parce qu'elle est d'un rapport marginal : les recettes escomptées sont de l'ordre d'un milliard d'Euros par an (le déficit de la sécu était de 10,3 milliards d’euros en 2006, dont 6,3 pour l'assurance-maladie, 2,2 pour la branche vieillesse, 1,5 pour la branche famille et 200 millions  pour la branche accident du travail-maladies professionnelles).

Ensuite, parce qu'elle est présentée comme une bidouille de plus dans un système fiscal ou para-fiscal d'une complexité déjà insupportable : les sommes récupérées n'iront pas corriger le déficit global de la sécu, mais sont supposées être consacrées à la maladie d'alzheimer, au cancer et aux soins palliatifs.

Après la vignette auto et le travail du lundi de Pentecôte, dont le rapport est censé être consacré aux personnes âgées, voila un nouvel impôt soi-disant destiné à un objet précis, dont on sait déjà qu'il sera aussi vite oublié que les précédents.

Et hop, une couche de plus sur les dizaines de taxes diverses et multiples dans lesquelles il serait vital de faire le ménage et qu'il faudrait simplifier drastiquement. Eh non, on continue de complexifier, de rendre illisible, de multiplier les coûts de gestion !

Enfin, cette taxe est contestable dans sa philosophie même. Elle pèse sur les seuls malades et elle est tout sauf un impôt de solidarité : si vous êtes malade et pauvre, vous paierez autant qu'un malade pas pauvre ; si vous êtes en bonne santé, vous ne contribuerez pas au financement de la recherche sur des maladies qui peuvent vous toucher un jour ; en revanche, si vous êtes un malade cardiaque, vous allez devoir financer le cancer et la maladie d'Alzheimer. Pourquoi ? Va savoir.

Bon, en fait, on sait. Au bout de tout cela, il y a le démantellement progressif du service public de l'Assurance maladie.