Et on enchaîne ! A peine rentré du G20, refondé le capitalisme en 4 heures et demi, stoppé la crise vers 16 heures hier avec 5 ou 6.000 milliards, sauvé Gandrange, ah non, pardon, pas Gandrange, Nicolas Sarkozy, signe ce matin un acte auquel, après de Gaulle, s'étaient refusés Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac : le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN.
La belle affaire, dira-t-on : la France est membre fondateur, depuis 1948, de l'OTAN, alliance militaire d'abord destinée à contrer l'URSS ; sa position originale tient au mauvais caractère de de Gaulle -ou à son sens sourcilleux de l'indépendance nationale- qui, en mars 1966, désapprouvant la pesanteur du leadership américain sur l'alliance, en a quitté le commandement intégré.
Vingt ans après la décomposition de l'URSS, l'OTAN, élargie d'une douzaine de pays à l'origine à 28 aujourd'hui, peine a se donner une vision stratégique cohérente. Est-elle le parapluie de l'Europe face à la Russie (c'est le sens de l'adhésion des pays de l'Est) ? Est-elle une sorte d'ONU-bis, réduit aux pays du Nord et à une vocation militaire ? Est-elle le bras armé de l'Occident contre tout ennemi potentiel, réel ou fantasmé (la Chine, le “terrorisme" musulman, les talibans en Afghanistan, l'Irak en 91) ? Est-elle l'addition de vassaux ou de supplétifs de la politique impériale américaine ? Est-elle un peu de tout cela ?
C'est en tout cas cette nébuleuse qu'intègre aujourd'hui la France. Avantages ? Quelques 800 postes dans les commandements intégrés.
Inconvénients ? L'affaiblissement de l'indépendance nationale et un assujetissement technique plus grand à l'armée américaine (50% de la puissance de feu mondiale), donc à la politique conduite par les Etats-Unis, qu'on l'approuve ou pas.
En Afghanistan ou ailleurs, nous risquons désormais, plus que par le passé, d'être entraînés dans des aventures lointaines, coûteuses, hasardeuses, étrangères à nos valeurs ou à nos intérêts.
Autre inconvénient : la constitution d'une force armée européenne indépendante perd de sa pertinence et voit sa perspective s'éloigner. Au-delà, c'est l'idée d'une politique extérieure européenne qui ne sort pas renforcée de cette décision. Géant économique, nain politique, est-ce le destin de l'Europe sarkozienne ?
Quand on prône en dogme la rupture, faut rompre les rangs, en attendant de plus profondes ruptures déjà amorcées avec les valeurs Res publicaines, il ébranle notre stalagmite, c'est çà de pris et ce qui est pris n'est plus à prendre. Et les valeurs Républicaines c'est pas des subprimes ni des edgfounds. Elles valaient l'oseille elles.
Rédigé par : luluberlu | 03 avril 2009 à 12:36