Quelques accessoires de Gandhi (ses célèbres lunettes rondes, sa montre, ses sandales, un plat et un bol), ont été récemment mis aux enchères et ont trouvé preneur pour 1,8 millions de dollars (+ 290.000 $ de commission pour la maison de vente).
L’ancien propriétaire, qui espérait tirer 6 millions de dollars des reliques n’est pas satisfait. Le gouvernement indien qui comptait récupérer ces “biens nationaux“, non plus. Seul le patron d’une entreprise d’alccols, qui dit avoir fait cette acquisition “pour le compte de l’Inde“, peut se vanter d’avoir fait une belle opération : la gloire mondiale, certes éphémère, pour 2 millions de dollars.
Cette vente pose une première question : quelle est la valeur des choses ? En prix d’achat, si l’ensemble de ces objets valent 100 $, c’est bien le bout du monde.
Ce n’est donc pas ces objets qui justifient le montant de l’enchère. Ce sont les mains qui les ont touché, les pieds qui s’y sont glissé, le nez qui les a porté, cet “impalpable“ qui plane autour d’eux, cette mémoire qui les imprègne, cette âme, dont ces objets, tout inanimés qu’ils soient, s’attache à notre âme et la force de payer.
Au-delà d’eux-mêmes et de leur “Histoire“, c’est le regard porté par des “étrangers“ qui valorise ces objets.
Leur valeur n’est donc pas en eux, mais autour d’eux. Ce ne sont pas ces objets qui ont été vendus, c’est l’idée qu’on s’en fait.
Cette vente pose une deuxième question : Que reste-t-il d’un homme, une fois qu’il est mort ? Gandhi a refusé toute sa vie le jeu de l’argent. Il l’a repoussé, ignoré, dans sa vie publique comme dans sa vie privée. Ça n’a pas l’air d’avoir effleuré qui que ce soit ayant participé à cette vente.
Ce qui reste d’un homme ? A considérer cette vente, on peut craindre que ce ne soit pas son message, son exemplarité, ni même l’idée qu’on s’en fait…
je vois que ces jours-ci, ton séjour a une légère influence sur tes articles ;-)
tu comptes rentrer ??
j'espère bien, nos diners champagnesques à Montage commencent sérieusement à me manquer...
et pressée que tu me racontes tout.
bises
Rédigé par : christelle | 11 mars 2009 à 10:31
ce ne sont ni plus ni moins que la versiob moderne des reliques religieuses du moyen age
Rédigé par : liocttnavud | 11 mars 2009 à 11:39
Que reste t-il des mousses qui poussent sur les rochers ou sur les arbres ou ailleurs, que tchi et tout le monde s'en fout, pour l' homme ce devrait être pareil ... il n'y a aucune "RAISON". même si ...demande le au mahatma.
Rédigé par : luluberlu | 11 mars 2009 à 15:35
Que reste-t-il ? Ce billet d'une grande lucidité et sans doute l'impalpable mythe qui "s'offre" à toutes les manipulations.
Rédigé par : Francis | 11 mars 2009 à 19:21
"Qu'est-il resté des agonisants du Cambodge ?
Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune.
Qu'est-il resté de Tomas ?
Une inscription : il voulait le royaume de Dieu sur la terre.
Qu'est-il resté de Beethoben ?
Un homme morose à l'invraisemblable crinière qui prononce d'une voix sombre : "es muss sein !"
Qu'est-il resté de Franz ?
Une inscription : Après un long égarement, le retour.
Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Avant d'être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c'est la station de correspondance entre l'être et l'oubli".
Milan Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être. (un de mes livres préférés -
Merci José pour ce post)
Rédigé par : isabelle | 14 mars 2009 à 16:47
"la valeur n'est pas en eux, mais autour d'eux"
:l'aura, voila ce qui défie le temps.
Rédigé par : anyone | 22 mars 2009 à 17:34
Un de mes sujets de préoccupation et d'interrogation actuels, outre les sommets atteints par les rémunérations de certains, tient précisément à cette notion de valeur, ces deux points étant bien entendu intimement intriqués.
Perte de repères à la taille de l'intellect humain et de ses capacités imaginaires et symboliques de représentation, bien évidemment.
Mais pas seulement. Ne faut-il pas y voir un processus carrément névrotique - à taille mondiale et non plus seulement individuelle - d'accumulation et de rétention par quelques uns, sur le mode du stade anal décrit par Freud et d'autres ?
Ce qui, sur le plan de la psychanalyse signifie un blocage ou une régression à un stade infantile.
Je ne peux m'empêcher de penser au titre d'un ouvrage de Lénine : "le gauchisme, stade infantile du communisme" pour le plagier : "l'ultralibéralisme, stade infantile de l'économie"...
Rédigé par : Kamizole | 31 mars 2009 à 12:14