Nicolas Sarkozy a proposé l’autre soir que les profits des entreprises soient systématiquement partagés par tiers : un tiers pour que l’entreprise investisse, un tiers pour les salariés, un tiers pour les actionnaires.
Ce projet a le mérite d’être simple, mais présente l’inconvénient d’être simpliste. Pour quatre raisons au moins :
- La première, c’est qu’il ne concerne pas les entreprises (et leurs salariés) qui ne font pas des profits suffisants en volume et en pourcentage pour être significativement partagés.
- La seconde, c’est que ce partage ne répond pas à une des questions posées par la crise actuelle du capitalisme : quel est le niveau acceptable du taux de profit pour une entreprise, qui lui permette de se développer sans pour autant être usuraire, c’est-à-dire, in fine, destructrice de valeur pour ses fournisseurs et ses clients. Est-ce 3, 5, 10, 15, 20 % de son chiffre d’affaires ?
- La troisième, c’est qu’il ne résoud en rien une autre question capitale : comment est répartie la valeur ajoutée avant profits, d'une part entre actionnaires et salariés (le déséquilibre n'a fait que croître au profit des premiers depuis 20 ans) et, d'autre part entre salariés et, notamment, entre ceux qui sont les moins payés et ceux qui sont le mieux payés. En d’autres termes, il néglige la question de l’échelle des rémunérations, qui s'est exagérément étendue au cours des 20 dernières années.
- la quatrième, c’est que ce partage du profit par tiers masque habilement un besoin et une obligation de l’entreprise : l’obligation de l’impôt sur les sociétés (dont le taux est aujourd’hui de 33% des profits ; pas mal, pour un Président de la république, de l'oublier:) et le besoin de fonds propres, criant, surtout dans cette période de défaillance généralisée des banques.
Dans ces conditions, le projet de partage par tiers des profits est de la poudre aux yeux ou de la méconnaissance du fonctionnement des entreprises.
On serait plus fondé à proposer un partage des profits en cinq parts plus ou moins égales (Etat -impôts-, réserves de fonds propres, investissement, actionnaires, salariés), à condition de limiter le niveau maximum de ceux-ci ou de le corriger par l’impôt, et en limitant drastiquement l’échelle des revenus (salaires + bonus et avantages divers) au sein de l’entreprise.
PS – Sur ce dernier point, il faut une fois de plus se méfier des sondages et des médias qui les rapportent. Une enquête récente indiquait trompeusement que les 10% des salariés les moins payés gagnaient en moyenne 3 fois moins que les 10% les mieux payés et que cette différence tendait à se réduire en France sur 20 ans. Aucun des journalistes que j’ai entendu faire état de ce sondage n’a cru bon de corriger cette intox.
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Rédigé par : HR | 04 mai 2010 à 19:43
Simpliste peut etre, mais parait pourtant le plus equitable. Le partage est base sur une notion d'egalite ce qui est rarement le cas puisqu'en general les dividendes ne sont que pour les actionnaires, qu'il y ait ou pas benefice.
Rédigé par : option digitale | 05 juillet 2012 à 08:23