La diversité de ceux qui l'inspirent et l'animent, et celle de ceux qui, bon gré mal gré, y participeront, font de la grève de demain un étrange objet.
D'abord sociale pour les uns, qui se battent contre l'extension des plans de chômage ; d'abord économique pour d'autres, qui réclament plus de pouvoir d'achat ; d'abord politique pour d'autres encore, qui contestent l'ensemble de la politique du gouvernement, la grève de demain a trop de causes et d'objectifs pour être autre chose que le symptôme d'un malaise profond.
Et ce n'est qu'un début... Hier seulement, ce sont plus de 70.000 emplois dont quelques entreprises multinationales ont annoncé la suppression (20.000 chez Caterpillar, 19.000 chez Pfizer, 8.000 chez Sprint, 7.000 chez Home Depot...).
Aujourd'hui, le Bureau International du Travail (BIT) annonce, dans son rapport sur l'emploi 2009 que, par rapport à 2007, le nombre de chômeurs pourrait augmenter de 18 à 30 millions à travers le monde, et même de 51 millions "si la situation continue de se détériorer"
Le rapport du BIT indique également que “le nombre de travailleurs pauvres – les personnes qui ne gagnent pas de
quoi se hisser eux et leurs familles au-dessus du seuil de 2 $ par
personne et par jour pourrait atteindre 1,4 milliard, soit près de 45 % de la population active mondiale ayant un emploi.“
“En 2009, la proportion de travailleurs en situation d’emploi vulnérable
– travaillant soit à leur propre compte, soit comme travailleurs
familiaux non rémunérés, avec un risque plus élevé de se retrouver sans
protection en période de difficultés économiques – augmenterait
considérablement pour atteindre près de 53 % de la population
active ayant un emploi.“
Face à cette situation, dont les causes sont connues -mondialisation et financiarisation sans contrôle de l'économie, diminution relative des revenus du travail au profit de l'actionnariat, extension excessive de l'échelle des revenus...-, quelle réponse ont apporté jusqu'ici les gouvernements ?
Des cautères sur une jambe de bois, des plans coûteux, à l'efficacité si avérée qu'il faut les compléter, avant même qu'ils n'entrent en application, semaine après semaine, secteur après secteur (la banque d'abord, la construction ensuite, suivie de l'automobile, puis de la construction aéronautique, avant sans doute qu'on ne s'intéresse à d'autres secteurs en perdition...), par de nouveaux plans, tirés sur la comète et sur les comptes des contribuables d'aujourd'hui et de demain.
La crise est systémique ? Les Etats sont surdendettés ? Qu'à cela ne tienne : ne changeons rien, “poursuivons les réformes“, comme le dit en chœur le gouvernement français et, foin de la chair à canon économique, claquons sans contrepartie des milliards qu'on n'a pas.
En psychiatrie, on appelle ça de l'autisme et c'est exactement la maladie dont sont affectés les financiers qui rechignent à renoncer à leur bonus et les gouvernements, coincés par 30 ans de convictions et de pratique libérales.
Le New Deal dont le monde à besoin pour sortir de la crise, ce n'est pas la distribution de bonnets d'ânes à quelques financiers ou banquiers rapaces, ce n'est pas seulement le soutien aux industries en perdition, ce ne sont pas seulement des grands travaux... Le New Deal dont le monde à besoin pour sortir de la crise, c'est un Nouveau Contrat Social, fondé sur le sens de l'intérêt général et sur des valeurs simples, respectables et respectées par tous.
Faute de cela, la crise, de financière et économique, deviendra rapidement politique et le climat social, de préoccupant deviendra rapidement révolté ou révolutionnaire.
Et qu'on ne nous dise pas qu'il n'y a ni alternative ni alternance prête à l'emploi. Le 13 juillet 1789, il n'y en avait pas non plus.
Désolé, José, de devoir l'affirmer : yes they can, go straight on, droits dans leurs bottes, and not to see the bord de la falaise...
D'autant plus désolant que cette crise économique et financière pourrait être un avantageux prétexte à tenter de nous sortir de quelques autres crises (pollutions variées, climat...) qui nous laisseront exsangues...
Rédigé par : jcm | 28 janvier 2009 à 19:24
Bien d'accord avec toi, Jean-Claude. By the chemin, your english is both fluent and very bon :))
A voir ses déclarations récentes sur l'environnement, Obama -sur lequel je ne fais pourtant pas d'illusions, non d'ailleurs que j'aie quelque chose de personnel contre lui, mais parce qu'il est l'incarnation et le prisonnier d'un système économico-financiéro-mitaro-social que je n'approuve pas- semble l'avoir mieux compris que les autres. On verra bien à l'usage...
Reste qu'à considérer les “gens“ comme de la chair à canon économique, juste bons à servir le “système“, plutôt que de songer à rebâtir un système qui servirait les “gens“, on peut imaginer que ces derniers vont finir par être tentés de jeter le bébé avec l'eau du bain.
Ceux qui “can“, mais “not to see the bord de la falaise“ devraient alors s'armer de parachutes dorés car plus dure will be the fall :)
Rédigé par : José | 28 janvier 2009 à 20:11
Autisme ou tout simplement égoïsme ?
Rédigé par : Francis | 29 janvier 2009 à 00:56
"les gouvernements, coincés par 30 ans de convictions et de pratique libérales"
Un gouvernement, dès lors qu'il se mêle de l'économie, n'a pas de pratiques libérales. Le gouvernement ne fait que prendre aux uns pour donner aux autres. Ceci n'a rien de libéral.
Rédigé par : jules | 29 janvier 2009 à 12:31
Et puis il y a nous, chacun dans sa vie, qui n'est rappelons le, que cet instant présent toujours renouvelé. Donc il y a nous sapiens dévoreurs de barbaque, on a exterminé les troupeaux de bisons dans les vastes plaines, on a stérilisé beaucoup de mers de lacs et de rivières. En ce moment rien ni personne ne peut arrêter le flot des désirs insatisfaits. (on en cherche de nouveaux).
De plus les solutions sont données par ceux qui détiennent le pouvoir depuis moultes générations, pas loin d'être les mêmes qui vécurent dans l'ombre de Louis XVI le 12 juillet 89...
La solution : AUTORÉGULATION, ÉDUCATION, TENDRESSE.
Enfin bref, c'est pas gagné les copains.
Heureusement papa MARX revient.....
Rédigé par : luluberlu | 29 janvier 2009 à 13:26
Thank you José !
I bosse my english everyday in profondeur and I'm very happy : somebody constate the result !
Obama est probablement quelqu'un qui ne réfléchit et ne réagit pas "comme tout le monde" et en tous cas pas à la manière des politiques les plus courants (vers le bord de la falaise !) (oui, bon...) : on peut en attendre certaines "originalités" par rapport aux comportements habituels.
Que ces originalités aillent dans de bonnes directions dans quelques domaines serait déjà fort positif : wait and see !
Mais je ne veux ni le considérer comme "le sauveur" ni désespérer de tout ce qui pourrait naître de ses initiatives... avant qu'il les ait mises en œuvre !
Mais il fort peu probable qu'il puisse, et veuille, bouleverser de fond en comble "le système" qui mériterait pourtant un tel lifting qu'il en serait... défiguré : ce lifting serait ton "Nouveau Contrat Social, fondé sur le sens de l'intérêt général et sur des valeurs simples, respectables et respectées par tous. ".
On peut toujours espérer, mais notons qu'il faut toujours un phénomène assez dur pour que "les gens" se bougent : c'est probablement à cause de "la crise" qu'il y a eu pas mal de monde dans les rues aujourd'hui.
Si cela ne suffit pas à initier de profonds changements, déduisons que "la crise" n'est pas encore assez dure pour générer une fermentation suffisante.
Il faudra donc attendre le prochain choc, peut-être ?
Rédigé par : jcm | 29 janvier 2009 à 19:57
@JCM : see the Finland évolution, may be REVOLUTION.
Rédigé par : luluberlu | 30 janvier 2009 à 10:42
Vi, Luluberlu, mais la Finlande c'est petit et loin et peu connu, en plus ça EPR à fond...
Pas beaucoup mieux qu'ici...
De plus avec cette glace qui couvre la neige de plus en plus souvent en hiver, interdisant au troupeaux de trouver le lichen au raz de terre, c'est assez sinistré sous certains aspects.
Enfin, elle est très inspirée des plus typique travers de "notre" système, cette "révolution" finlandaise !
Alors...
Rédigé par : jcm | 30 janvier 2009 à 21:16
Jusqu'à quel point la contradiction passe-t-elle au coeur de chaque consommateur?
Les gouvernements. Certes. Bien sûr. Mais où est la majorité (ne parlons que de la France) pour un vrai projet alternatif?
Rédigé par : Huron | 01 février 2009 à 15:40
nouveau contrat social, projet alternatif, new deal etc... très sympa tout cà, bien vu, mais quand un jour, qui n'est peut être pas si lointain, des centaines de gens qui ne peuvent plus remplir leur caddie viendront le meme jour, a la meme heure chez Leclerc ou ailleurs se servir et partir sans payer pour survivre, que dirons nous?
Rédigé par : bg | 01 février 2009 à 19:32
@bg : Si je n'en fait pas parti, je dirais : ENFIN !
Rédigé par : luluberlu | 02 février 2009 à 14:00