"Nous devons nous interroger sur nos responsabilités. Aujourd'hui, des millions de gens à travers le monde ont peur pour leurs économies, pour leur appartement, pour l'épargne qu'ils ont mise dans les banques", a déclaré Nicolas Sarkozy en recevant le prix humanitaire de la Fondation Elie Wiesel pour l'humanitaire (hein ?).
Il a poursuivi : "Notre devoir est de leur apporter des réponses claires. Qui est responsable du désastre ? Que ceux qui sont responsables soient sanctionnés et rendent des comptes et que nous, chefs d'Etat, assumions nos responsabilités."
Qui est responsable du désastre ? Mais toi, ma poule !
Et tous tes potes libéraux, au pouvoir intellectuel, politique et économique depuis plus de trente ans, adeptes du profit à tout prix, de la dérégulation à tout crin, du bling-bling à tous les étages, de l'affaiblissement des Etats et de la chose publique, du démantèlement des services publics, de la privatisation de tout, surtout des bénéfices, de la transformation du monde en casino, du collectif en individuel, du citoyen en consommateur.
Bon, et une fois qu'on a dit ça, joué les pères fouettards, stigmatisé les autres en évitant soigneusement de se remettre en cause, on fait quoi ?
Ce qu'on attend des responsables, outre qu'ils le soient, ce n'est pas qu'ils s'érigent en juges prétendument indépendants, en Ponce Pilate aux mains immaculées, en moralistes de comptoir, après avoir laissé aller, laissé faire, au nom d'une idéologie décidément contestable.
Ce qu'on attend des responsables, ce n'est pas qu'ils creusent sans pelle un trou d'argent public destiné à masquer ou à combler le trou d'argent privé.
Ce qu'on attend des responsables, c'est qu'ils saisissent l'occasion de cette crise, pour remettre en cause leurs vieilles certitudes et mettre en place, sans délai, au niveau international, des règles de jeu respectables et respectées par tous, comme, par exemple et, entre autres :
- l'encadrement du profit des entreprises, financières ou autres, sa limitation à des taux non-usuraires et au strict nécessaire (5 à 10% hors inflation, pas 15 ou 20%),
- la fixation de son affectation de manière équitable entre tous ses bénéficiaires (travail, capital, trésorerie, investissement, impôt), en veillant à ce que les uns ou les autres (aujourd'hui le capital et les dirigeants) ne pillent pas sans vergogne, au dépens des autres, les fruits de l'activité économique,
- la règlementation simple, claire et sévère de la spéculation financière par l'interdiction des paradis fiscaux, par celle de l'achat et de la vente à terme, celle de la titrisation et de la création de produits de produits abscons ; le contrôle de la transparence et de la traçabilité des transactions ; l'encouragement de l'investissement de moyen et de long terme...
Ca c'est bien vrai!
Sur le plan global, effectivement, Sarkozy ne peut s'en prendre qu'à lui-même et à tout le mouvement de libéralisation et dérégulation qui souffle sur l'économie et la finance mondiales depuis plusieurs décennies, à laquelle sa famille politique a plus que contribué!
Sur le plan local, si on veut vraiment aller chercher les "responsables" de la crise des subprimes, il suffit d'inculper tous les petits génies de la finance qui ont eu la lumineuse idée de construire des produits financiers ultra-complexes, les CDO, à partir de crédits immobiliers hypothécaires à taux variable pourris, et de les écouler sur le marché. Ca doit pas faire tant de monde que ça au final, un ou deux services ultra-spécialisés par grande banque internationale en fait, soit quelques centaines de personnes, maximum quelques milliers à travers le monde. J'ai hâte de voir les images de la police se rendant à leur domicile pour les arrêter ou leur remettre une amende, d'un montant aussi élevé que leurs bonus bien sûr!
Si l'on veut être cohérent, il faudrait aussi inclure les supérieurs de ces personnes-là, qui ont laissé faire voire ont donné les ordres pour faire plus de profits et faire comme les concurrents (ne jamais se couper d'un marché!), puis les supérieurs de ces supérieurs, qui ont probablement laissé faire parce qu'ils ne comprenaient rien. Il faudrait aussi ajouter les agences de notation, qui ont bien noté ces produits pourris parce qu'elles ne comprenaient pas plus ce qu'ils contenaient, puis les organes de régulation qui ont laissé faire parce qu'ils n'en savaient pas plus. Et on arrive aux politiques, à l'autre bout de la chaîne, qui n'ont pas plus réagit et se mettent à s'exciter une fois la catastrophe arrivée.
Mais ne rêvons pas, on ne touchera jamais aux bonus des banquiers, à quelque niveau hiérarchique que ce soit : ce sont bien sûr les contribuables qui vont payer la facture (700 milliards de dollars, ça fait mal quand même), parmi lesquels ceux qui ont tout perdu en se faisant expulser de chez eux à cause des subprimes. Et la boucle est bouclée.
Pour finir je vous conseille la vidéo d'un sketch anglais hilarant que j'ai mise dans mon dernier message sur mon blog.
Rédigé par : Yann | 23 septembre 2008 à 11:34
La solution est la mondialisation du politique, un seul gouvernement élu démocratiquement. Au moins il n'y aura plus 350 chefs d'état a nourrir avec leur pléthorique entourage, opposition comprise.
Une seule majorité concervatrice et les socialistes du monde cherchant un leader, depuis Marx z'on rien trouvé de vraiment valable....En attendant, il va y avoir le changement aux states, Bush y ment vas pouvoir aller profiter de la vie.
Les boshimans eux on les sédentarise.
Rédigé par : luluberlu | 23 septembre 2008 à 13:27
Cocorico, José, je te trouve très agacé. Je me suis fait récemment la reflexion que dans les temps qui ont suivi ton agacement ( partagé avec d'autres) sur les errements de l'homme face a leur planète, on ne pouvait plus acheter un string qui ne soit bio ou boire un pinard qui ne contribue au non réchauffement de la planète. Je crains donc que l'on ne puisse plus dans peu de temps être les spectateurs d'une guerre à un endroit x du monde sans qu'un jingle nous rappelle la culpabilité bling bling des ultras liberaux ni faire un petit profit sur notre livret A sans que l'image d'un Sarko grimaçant ( et caquetant) ne nous vienne a l'esprit. Finalement, l'ecolomania nous paraitra reposante.vais aller m'acheter une culotte en pilou bling bling, moi, tiens, pour voir ;)
Rédigé par : sophie | 23 septembre 2008 à 16:41
on sent bien là que tu t'énerves, on sent bien que le ton est aimable parce que tu es bien élévé. Mais avoue José que tu lui collerais bien un série de gifles jusqu'à ce qu'il s'excuse (pour le moins) en pleurnichant. "maintenant tu dégages, tu fermes ta gueule on (collectivement) va reprendre les choses correctement". Si si José je sens bien que tu t'énerves ... ;)
Rédigé par : lény | 25 septembre 2008 à 12:26
Juste pour info : "- la règlementation simple, claire et sévère de la spéculation financière par l'interdiction de l'achat et de la vente à terme,"
Pourquoi pas, mais ce serait peut-être injuste : ce type d'opération n'est pas toujours spéculatif, il est utilisé aussi comme couverture (assurances) et il existe depuis 3 ou 4 siècles...
Mais pour le reste, globalement d'accord.
(menfin pour la limitation du profit des entreprises, la aussi, bon courage... même si l'on envisage ça au niveau mondial, je ne vois pas bien comment y arriver.)
Rédigé par : PP | 25 septembre 2008 à 15:36
You write very well.
Rédigé par : Lysa | 28 octobre 2008 à 10:42