Lehman Brothers (4e banque d'affaires US) : en faillite depuis dimanche (ce qui, au passage, l'autorise à diminuer unilatéralement sa dette de 312 milliards de dollars, donc à mettre en difficulté ses créanciers, c'est-à-dire d'autres banques internationales).
Merrill Lynch (banque d'investissement) : 52 milliards de pertes liées aux subprimes, a évité in extremis ce lundi la faillite, en étant rachetée, 50 milliards de dollars par Bank of America, dont on murmure déjà qu'elle a les yeux plus gros que le ventre et dont l'action a aussitôt perdu 21,31%.
AIG (1ère compagnie d'assurances US) : autrefois la plus grosse capitalisation boursière américaine, ce lundi soir au bord de la banqueroute (- 60,49% à New York)... La prochaine sur une liste déjà longue.
Depuis six mois, 3 des 5 plus grandes banques d'affaires américaines ont déjà fait faillite et une centaine d'établissements financiers américains sont en difficulté.
Dans un premier temps, jusqu'à la semaine dernière, les autorités financières américaines ont cherché par tous les moyens a maintenir le bateau à flot, à écoper, à colmater les trous, injectant des liquidités ici (la banque Bear Sterns, renflouée par 30 milliards de dollars d'argent public), garantissant des pertes là (Fanny Truc et Freddy Machin, géants du refinancement hypothécaire, gratifiés la semaine dernière d'une garantie du Trésor américain de 200 milliards de dollars), obligeant ailleurs les banques moins exposées à renflouer leurs confrères. En gros, dans un monde où le profit est privatisé, on a mutualisé et nationalisé les pertes.
Mais voila, pour mener une telle politique -fut-elle en contradiction avec les principes du libéralisme-, encore faut-il en avoir les moyens.
L'Etat Fédéral américain, par ailleurs endetté à des niveaux abyssaux, n'a que quelques 700 millions milliards de dollars de liquidités, dont il a déjà engagé plus du tiers lors des récents épisodes Bear Sterns, Fanny Mae et Freddy Mac. Autant dire qu'il n'a plus un rond.
Les établissements financiers, du fait de leurs pertes sur les subprimes auxquelles s'ajoutent celles constatées depuis un an sur les marchés boursiers, sont dans le même état. Les ménages aussi, surendettés de manière impressionnante.
Tout ce petit monde a vécu à crédit, a accumulé des dettes colossales et n'a plus un fifrelin. Donc plus aucune institution, publique ou privée, plus personne n'est en mesure d'intervenir pour boucher les trous -évalués ici à quelques 2.000 milliards de dollars il y a déjà un an, un ordre de grandeur jusqu'ici largement sous-estimé par les spécialistes, mais qui s'avère être le bon-. Pire, tout le monde se méfie de tout le monde.
On entre donc dans la phase 2 de la crise : les chutes de Lehman Brothers, Merril Lynch et probablement AIG vont rapidement générer un effet domino, la faillite des uns entrainant celles des autres.
D'autres banques, d'autres établissements financiers, d'autres compagnies d'assurance vont défaillir, par dizaines, dans les jours et les mois prochains, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et ailleurs. Ici aussi, bien sûr.
Au bout, bien évidemment, l'économie suivra, asphyxiée par la perte de confiance et par la difficulté à lever du crédit. Sans confiance et sans crédit, plus d'investissement dans le meilleur des cas, plus de trésorerie pour l'essentiel des entreprises, plus de consommation des ménages. Ce sera la phase 3.
Après ça, quand on aura bien morflé, trois, cinq ans, peut-être, il faudra reconstruire l'économie. Cela prendra des années et ne se fera sans doute pas sans drames. Le plus sinistre, dans cette affaire, c'est que l'important (préservation de l'environnement, établissement de nouvelles règles de relations économiques, non régies par la recherche exclusive du profit) risque d'être négligé au profit de l'argent, pardon, de l'urgent.
Salut Jose content de pouvoir rerigoler avec toi.
Et oui, comme prévu, plus on avance vers la falaise et plus on chope le vertige.
Tout ça n'estt que vue de l'esprit.
Compassion, voie du millieu, éveil, puis repos....et ni ni ni.
vite mon nid.
et la lecture de "l'élégance du hérisson" de Muriel Barbery(NRF), du duvet pur oie pour un fond de nid.
Rédigé par : luluberlu | 16 septembre 2008 à 13:25
ben ça fait du bien de te lire à nouveau.
"En gros, dans un monde où le profit est privatisé, on a mutualisé et nationalisé les pertes." : très bon !
ça va être la curée... et le renflouement à coups de milliards de dollars est scandaleux quand on y pense. Combien coûterait la scolarisation universelle ? Combien coûteraient les programmes de lutte contre l'érosion des sols ? etc etc.
Rédigé par : isabelle | 16 septembre 2008 à 22:11
L'A(rgent) et l'U(rgent) se confondent depuis longtemps dans le symbole chimique de l'or (Au) et dans l'esprit des gens...
C'est sar, il y uaru des drumes, et ua diuble le développement daruble !
On est mul purti, euh... mille pardons, mal partis (tiens j'ai un clavier uzertyaop... maintenant ?) !
Bonne soirée, José !
Rédigé par : jcm | 16 septembre 2008 à 22:25
Il me semble que l'État Fédéral américain disposait de 700 milliards de liquidités et non de 700 millions.
Rédigé par : Joan | 19 septembre 2008 à 15:26
Oui, bien sûr Joan et merci : 700 milliards de dollars : c'est le chiffre que j'ai indiqué dans plusieurs posts, y compris le suivant. Erreur d'inattention ; voila ce que c'est de ne pas se relire :)
Rédigé par : José | 20 septembre 2008 à 10:14