L'Euro est au plus haut : il a de nouveau franchi aujourd'hui la barre des 1,6 $.
Le baril de pétrole est au plus haut : il se maintient au-dessus de 145 $. La demande ne cesse d'augmenter (du fait de la demande des pays en développement, principalement Chine et Inde), les pays producteurs (exception faite de l'Arabie saoudite) n'envisagent pas d'augmenter leur production, les capacités de raffinage sont limitées au niveau mondial (ce qui explique, entre autres, l'augmentation du diésel).
Les autres matières premières et les produits agricoles sont au meilleur de leur forme.
Le système bancaire, bat, lui, des records, mais à la baisse. Les faillites ou les difficultés de banques (Bear Stearns, Fortis, etc), de financeurs hypothécaires (Freddie Mac, Fanny Mae, Indymac) et autres réhausseurs de crédit ou fonds d'investissement (Carlyle), se multiplient aux Etats-Unis. La crise des subprimes, donnée pour enrayée au printemps, n'a pas, pour l'heure, entré dans les comptes des établissements bancaires plus de 300 ou 400 milliards de dollars, quand de nombreux experts estiment les pertes réelles à 3, 5 ou 10 fois plus.
Du coup, les places financières du mond entier accusent des pertes abyssales par rapport à leurs records d'il y a 13 mois. Le CAC 40 s'oriente vers le franchissement à la baisse des 4.000 points (6.168 points, le 1er juin 2007 ; à ce propos, ayez une pensée reconnaissante pour les experts et les Ministres qui recommandaient de ne pas s'affoler et de ne pas vendre vers 5.500), le Dow Jones flirte , lui, avec les 10.000 points. et ce n'est pas fini !
Du coup, l'inflation se porte comme jamais depuis dix-huit ans (+3,6% en glissement annuel, en France), rognant, un peu partout, le pouvoir d'achat.
Du coup, la consommation, moteur de la croissance, flanche. Le tout est aggravé par la dette abyssale de nombreux Etats et, notamment, des Etats-Unis.
Du coup, la confiance se perd : les banquiers n'osent plus se prêter d'argent, laissant les banques centrales organiser, avec des moyens très limités, le secours des établissements en difficulté. Elles rechignent à ouvrir de nouveaux crédits aux entreprises et aux ménages. Confrontés à ce credit-crunch et à la baisse de la consommation, les chefs d'entreprise perdent le moral (en Allemagne, l'indice Zew qui mesure la confiance des patrons est ressorti aujourd'hui à -63,9 contre -52,4 en juin).
L'économie réelle, d'abord touchée dans sa dimension immobilière, donne d'importants signes de faiblesse dans tous les secteurs (baisse de la production industrielle dans la zone euro en mai) et s'oriente vers la stagflation (inflation + stagnation économique).
Quoi de neuf dans tout cela ? En fait, rien (d'où mon silence de ces dernières semaines).
Les choses suivent un cours que les professionnels et les autorités financières et économiques s'acharnent à nier ou à minimiser, mais qui a été indiqué ici depuis plus d'un an (comme le prouvent les liens ci-dessus vers des posts anciens et d'autres, plus anciens encore, de la rubrique économie-finances, qu'on pourra relire avec émotion :) et dans d'autres blogs, comme La fin du capitalisme.
Que peut-il se passer maintenant ? Le plus probable est la poursuite et l'aggravation de cette crise multiforme. Tout indique que 2009 sera pire que 2008. Dans des proportions inquiétantes.
Cette crise trouve son origine dans la dérégulation de marchés mondialisés (dont on nous assurait qu'ils avaient vocation à s'auto-réguler, ce qui devrait désormais être admis comme totalement faux).
Elle a conduit à l'affaiblissement progressif des Etats qui, sous la pression de la pensée économique libérale ou ultra-libérale, comme on voudra, héritée de Milton Friedman et des think tanks qui inspirent les autorités internationales depuis plus de 30 ans, ont abdiqué une partie de leurs pouvoirs régaliens, de leur vocation à défendre l'intérêt général et de leur capacité à intervenir massivement pour réguler la finance et l'économie.
Elle a conduit à un dévoiement de l'esprit public qui s'apparente, plus que jamais, à une jungle anarchique, tendre aux forts et dure aux faibles. Elle n'a pas fini de ses ravages, pour le malheur de beaucoup.
Les seules questions qui vaillent désormais sont celles-ci : le système capitaliste actuel tiendra-t-il le choc de cette crise ? Tentera-t-il de la résoudre par la guerre (contre l'Iran, l'Iran ou d'autres), par un durcissement des régimes démocratiques ? Ou les deux ? Trouvera-t-il l'intelligence et la force de se réformer internationalement ? Le libéralisme économique cessera-t-il d'exercer son magistère universel sur les Etats et les organisations internationales (OCDE, FMI, Banque Mondiale, OMC, etc) qui en ont été jusqu'ici les relais aveugles ? Ou pas ?
J'aime tes conclusions malgré tout et tous positives.
Infatigable optimiste ? José, en tous cas c'était clavé, sur ton blog, c'est clivé le système...Et ningun n'y pige plus nib. On vas là ou on n'est jamais allé...La grotte deviens inconnue et les trous sont profonds pour ce qui sont obligé de marcher.
faudra voler à tous les sens.
La stalagmite continue de se fendiller et avec ceux là aux commandes pour la tempête c'est pas bon..
je ne renie pas mon amour des sapiens(*)*) en te confortant dans le premier terme de l'alternative, : les DEUX mon général($)$),
suffira d'être ailleurs, sinon (=)=) faut vite acheter des palmes et aussi un casque.
Rédigé par : luluberlu | 16 juillet 2008 à 13:29
Bonjour,
je découvre Carnets de nuit et j n'ai pas tout lu, loin de là, mais, au chapitre des solutions à apporter, il me semble qu'il peut y figurer en bonne place :
produire localement,
rapidement,
et collectivement
(urgence espace /temps),
je vous propose des pistes allant dans ce sens
sur le blog :
http://gorgerouge.over-blog.com
Cordialement,
Gorgerouge,
Bernay 27
Rédigé par : Gorgerouge | 19 juillet 2008 à 09:58
Merci pour les photos du Domaine de Montagenêt, mais j'aimerais bien avoir celles des hôtes de marque, comme Christophe Alévêque en juillet 2005. Bonne conscience "à titre privé" en toute transparence.
Rédigé par : OLGHERKIN | 27 juillet 2008 à 21:36
Comment faire face à tous ces lâches qui préfèrent le profit ou les "honneurs" à l'honnêteté intellectuelle ou simplement à leurs soit-disant convictions politiques? Je me demande pourquoi depuis le temps que l'on nous dit que 68 était formidable, et que tous les médias étaient sur la même longueur d'onde, le gouvernement a échoué dans sa tentative de provoquer le clash du siècle. Encore un plouff médiatique du pouvoir politique !!!
Mais ils vont se rattraper! La suite à bientôt.
Rédigé par : OLGHERKIN | 27 juillet 2008 à 21:49
Je partage entièrement cette analyse. Je me demande comment les analystes et économistes censés prévoir font preuve à chaque tournant (amélioration aussi bien qu'agravation) d'une rare cécité depuis une bonne vingtaine d'années. Incapacité totale d'anticiper... leurs modèles ne tournent que si la conjoncture poursuit sur la même erre. Incapables de prévoir ce que les infos et les données économiques suggèrent à des personnes de bon sens.
Je n'arrive pas à être optimiste pour la suite. Ils feront comme d'hab : courber l'échine pendant les périodes difficiles et recommencer les mêmes erreurs (en pire !) dès que la conjoncture s'améliorera. Chaque crise ne pouvant être plus grave que la précédente.
Rédigé par : Kamizole | 31 juillet 2008 à 16:15
Bonjour, votre blog est excellent et j'y passe assez souvent.
J'en fais l'éloge dans un dernier article sur mon blog PLOUTOPIA: "Subprime: l'étincelle d'un gigantesque brasier financier" http://ploutopia.over-blog.com/article-21756859.html
Rédigé par : ploutopia | 06 août 2008 à 14:39
Je m'attendais à une note pour la rentrée, mais non, rien... J'espère que tout va bien et que tu es simplement en prolongation d'été !
Rédigé par : dieudeschats | 02 septembre 2008 à 16:31
Je ne crois pas que cette crise trouve son origine dans la dérégulation simplement, c'est un élément aggravant, certes.
C'est une crise du crédit avant tout. L'argent "facile", c'est à dire prêté à taux très bas pour alimenter la machine à consommer suite à la fin de la bulle internet en 2001. Des taux très bas ont sauvé la situation temporairement, c'est à dire jusqu'à 2007, avec le premier symptôme : les subprimes...
Les crédits à l'habitat ont été facile, trop facile, d'où une explosion des prix de l'immobilier.
Aujourd'hui, c'est pour ça que le premier secteur touché est l'immobilier. Mais par ricoché, cela touche tout le monde, les banques, la consommation, donc les entreprises, etc...
La dérégulation a permis aux risques de se répandre dans le système financier, c'est tout et c'est déjà pas mal !
Rédigé par : Aqua | 04 septembre 2008 à 20:11