Et allons-y, ça continue, c'est la fête...
Hans-Gert Pöttering, président du Parlement européen regrette que le peuple irlandais ait voté NON à la ratification traité de Lisbonne... Et ajoute aussitôt garder l'espoir que le Traité puisse entrer en vigueur avant les élections européennes de juin 2009 !
D'autres, chez les politiques et dans les médias, tout aussi pressés de s'asseoir sur le suffrage universel quand ça les arrange, coupent les cheveux en quatre : c'est la faute à Mélenchon, c'est un NON de gauche. C'est la faute à Tartempion, c'est un NON de droite.
Pas cohérent ? C'est que le suffrage universel est incohérent. Donc les peuples sont cons (ce qui n'est pas toujours faux :). Donc on se contrefout de leur avis. CQFD.
Mais voila, les choses ne sont pas si simplettes. La réalité, c'est que, comme les français et les néerlandais en 2005, les irlandais viennent d'exprimer un NON de gauche ET un NON de droite.
A droite, on refuse d'abord la supra-nationalité. Ce n'est pas neuf, c'est même une tradition plus que centenaire. D'autres -c'est le cas en Irlande des opposants à l'avortement- refusent, avec plus ou moins de vigueur, toute évolution des mœurs ; d'autres encore, entre peur de l'avenir et égoïsme corporatiste, ont des réflexes de repli sur soi poujadiste.
A gauche, quand on n'a pas oublié la tradition, également séculaire, de l'internationalisme pour retrouver d'anciens réflexes nationalistes, on refuse, pêle-mêle, la mondialisation libérale, la liquidation d'un modèle social conquis de haute lutte, le démantellement des services publics, l'alliance forcée avec des Etats-Unis devenus belliqueux, un cadre institutionnel figé par le Traité, un pouvoir confisqué par des classes dirigeantes et une bureaucratie contestées.
Ensemble, là où ils ont pu s'exprimer librement par le suffrage universel, à l'exception de l'Espagne, le refus de gauche ET celui de droite sont majoritaires. That's reality. Point.
C'est à partir de cette réalité qu'il faut construire. C'est pour les citoyens qu'il faut construire l'Union Européenne. Pas contre eux. Pas à partir d'idéologies et de fantasmes minoritaires.
Avec la crise qui pointe et est partie pour durer, si les dirigeants européens refusent d'entendre cela, s'ils s'entêtent dans l'autisme et la négation du réel, la belle aventure européenne finira mal. Très mal.
L'intelligence est aujourd'hui de le comprendre et d'en tirer les conséquences, plutôt que de mépriser, d'ignorer ou de contourner le problème.
L'Europe fait des râles...
Rédigé par : jcm | 14 juin 2008 à 07:17
L'Europe ne se fera pas sans les peuples. Je partage l'idée de Christophe Barbier, qui propose un système de cercles concentiques, une Europe dans l'Europe. Une idée, que tu avais développé sur carnet de nuit si je me souviens bien, non?
Rédigé par : Fred | 14 juin 2008 à 10:58
Et s'il avait été mentionné dans "les tables de la loi" européennes que l'adoption d'un tel traité devait se faire à la majorité qualifiée, ce qui est une option acceptable en démocratie, les votes des hollandais, irlandais et français n'auraient posé aucun problème dans l'état actuel des choses (votes au suffrage universel dans certains pays, par les chambres dans d'autres).
Rédigé par : jcm | 14 juin 2008 à 17:37
La diversité de points de vues souvent antagonistes n'est pas l'apanage des nonistes.
Qu'y a t'il de commun entre le oui ultralibéral, le oui pour la paix en Europe, le oui anti-nationaliste, le Oui économique face aux USA, à la chine, le oui fédéraliste, le oui supra national, le oui militant des valeurs occidentales ou de ses racines chrétiennes?
Par contre, c'est clair qu'il semble y avoir plus de raisons de s'opposer à ce traité que de s'y rallier. Du moins, pour les peuples qui sont amenés à se prononcer directement par le suffrage universel.
Mais si le suffrage universel devait être contourné une 3ème fois, comme on peut s'y attendre, la question sera: Existe t'il un plan B pour la démocratie?
Et la question de rattrapage: Combien de temps, va pouvoir durer un système, qui s'est construit sans la participation ni l'adhésion des peuples?
Rédigé par : Sybille | 14 juin 2008 à 20:09
Juste une petite question d’un néophyte :
Pourquoi ne pas faire un référendum, en un seul coup, pour toutes les questions qui posent problème et établir par la suite une sorte de plate forme commune, sur la base de l’analyse des décomptes des suffrages, qui servira de base pour le traité de l'Union Européenne ???
Rédigé par : Azd | 15 juin 2008 à 02:17