Avant-hier, Ben Bernanke a baissé le taux directeur de la Réserve Fédérale américaine de 2,25 à 2%. Cette septième baisse, en l'espace de sept mois, l'amène à son plus bas niveau depuis décembre 2004. Il est probable qu'elle marque la fin d'un cycle baissier.
Elle a, comme les baisses précédentes, un objectif simple : rendre l'argent moins cher, faciliter sa circulation et, par là, relancer l'activité économique. Mais, comme les baisses antérieures, qui n'ont d'ailleurs pas eu les effets escomptés sur l'économie américaine, elle porte plusieurs conséquences importantes :
- moins rémunérateur, l'investissement en dollars est de moins en moins intéressant pour les opérateurs étrangers, tentés par des investissements dans d'autres monnaies (l'Euro est rémunéré au taux de 4%) ou dans d'autres véhicules (l'intérêt des chinois ou des indiens est désormais d'investir dans les matières premières nécessaires à leur croissance et dans les régions -l'Afrique notamment- qui peuvent les leur fournir ou constituer des espaces de “colonisation“ futures),
- la valeur du dollar par rapport à d'autres monnaies et, principalement, face à l'Euro, devrait continuer de baisser (avec des pauses, comme c'est le cas ces jours-ci). Certains économistes le voient descendre jusqu'à 1,7€ ou même 2€ dans un proche avenir, ce qui ne sera pas favorable aux exportations européennes, donc à l'activité dans la zone Euro,
- l'abyssale dette américaine, libellée en dollars, s'en trouvera mécaniquement diminuée. Mais cela signifie également que les créanciers étrangers des Etats-Unis -japonais, chinois, arabes, mais aussi, quoique dans une moindre mesure, européens- voient leurs avoirs et leur épargne en Bons du Trésor américain perdre de la valeur. En clair, ils se retrouvent dans la situation de s'être apauvris en finançant à perte, depuis des années, le train de vie des Etats-Unis.
A ce stade de la crise financière, qui a débuté en août dernier, les autorités monétaires américaines ont nationalisé les pertes du système bancaire (si jaloux de sa liberté quand il s'agit de préserver ses bénéfices), c'est-à-dire qu'elles les font peser sur les contribuables, sans espoir de retour. Dans le même temps, en laissant filer le dollar, les Etats-Unis font peser sur le reste du monde le poids de leurs dettes.
Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des monde et les spécialistes, dont on a déjà apprécié la hauteur de vue et la rigueur d'analyse, veulent nous faire croire, depuis quelques jours, que la crise financière touche à sa fin, sans que rien n'aie été réellement fait pour en corriger ou en réguler les causes. Plus dure sera la chute.
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