L'un des plaisirs de l'information et de la statistique, c'est leur poésie. Les chiffres, supposés être des données froides, objectives, sont souvent chargés d'une fantaisie qui serait réjouissante, si elle n'était pas souvent le fruit de l'incompétence et d'une volonté manipulatoire.
Prenez les plus grands esprits de l'économie et de la finance internationale. Vous vous dites qu'il y a là des gens costumés de sombre, cravatés avec un rien de fantaisie, chargés de diplômes, de compétence et d'expérience. A priori, ils connaissent leur affaire, ils sont à la fois doués d'intuition et de rigueur, leur parole est nécessairement sobre, réfléchie et précise. Bref, vous pouvez leur accorder votre confiance.
Eh bien non.
Une preuve ? Le coût estimé de la crise financière actuelle : les pertes “officielles“, c'est-à-dire incluses dans leurs comptes par les banques internationales sont, à date, de l'ordre de 193 milliards de dollars (selon le Fonds Monétaire International, FMI en français, IMF en anglais). Ce qui est déjà conséquent.
Au début de la crise, le coût était évalué à quelques 100 milliards de dollars. Récemment encore, le FMI a évalué l'ensemble des pertes potentielles de la sphère financière à 400 milliards de dollars et, il y a quelques jours, Jean-Hervé Lorenzi, professeur à Paris-Dauphine, indiquait que la perte consécutive à la crise des subprimes “devrait nous conduire à un chiffre inférieur à 500 milliards de dollars.“
Avant-hier, le Financial Times titrait sur de nouvelles évaluations du FMI : en quelques semaines, le chiffre des pertes potentielles a plus que doublé, pour s'établir à 1.000 milliards de dollars ou, plus précisément, à 945 milliards de dollars. Encore ces chiffres sont-ils “basés sur les prix de marché à la mi-mars“, autant dire sur des prix de marché inférieurs, selon les places boursières, de 20% à 30% à ceux de leur plus hauts de juin dernier. Ramenés à ces prix d'avant-crise, on est assez proches de 1.300 milliards.
Si le coût de la crise des subprimes elle-même commence à être cerné (selon le FMI, les banques devraient encore faire ressortir quelques 80 milliards de dollars de pertes sur ce sujet), ses effets sur l'ensemble du secteur du crédit ne sont pas encore arrivés à maturation.
Dans ces conditions, l'évaluation des pertes potentielles de la sphère financière à 2.000 milliards de dollars, faite à l'automne dernier par un économiste de Goldman Sachs, demeure la plus vraisembable.
Oupsss çà en fait de la tune, mais ou qu'elle est passée ???
La finance c'est pas comme la physique ?
Des choses se perdent sans se retrouver quelque part?
Rédigé par : luluberlu | 11 avril 2008 à 14:12
Les journaux en profitent toujours pour exagérer les montants. Il faut que ce soit sensationnel pour vendre !!
Les "subprimes" en tant que tel ne peuvent pas faire une somme pareille à eux seuls. Imaginez: prenons une maison à 200.000$ au USA. Suposons qu'elle vaille 50% de moins à cause de la crise (c'est sévère une chute de 50% !!). Donc en gros on a perdu 50% de la mise, en suposant qu'un emprunter n'ai pas un centime devant lui, et n'ai rien rembousé (100% de dette sur la maison). La perte par maison est donc de 100.000$. Si on estime à 1000.000.000.000$ la dette, cela représente du suvprime pour 10.000.000 maisons !!!!!
INVRAISEMBLABLE !!!
Rédigé par : gigi | 12 avril 2008 à 13:26
@gigi : ces chiffres ne sont pas invraisemblables parce qu'ils ne relèvent pas des seuls subprimes, mais également de l'enchaînement de leurs conséquences.
Il est possible que les défauts et les pertes nées des seuls subprimes soient inférieures à 500 milliards (pour les seuls Etats-Unis, on sait qu'il y a défaut de paiement avéré ou prévisible sur plus de 2 millions de logements).
Le problème, c'est que les crédits à risque ont été camouflés par dilution dans d'autres types de produits financiers.
Cette dilution a conduit les acteurs financiers, d'une part, à se méfier de toutes sortes de produits complexes nés de leur imagination fertile et à les dévaloriser ; d'autre part, à manquer de fonds propres du fait de ces dévalorisations en chaîne ; d'une troisième part, à ne plus faire confiance ni aux emprunteurs privés, ni aux entreprises, ni même et surtout à leurs concurrents.
Cette perte de confiance a entraîné à son tour une baisse de l'ensemble des valeurs titrisées, une crise globale du crédit et des liquidités et, conséquemment, une dépression économique.
C'est l'ensemble de cette crise-là, dont ne connait pas encore l'ampleur et la durée, qui va coûter, au final, les pertes colossales évoquées ci-dessus et sans doute beaucoup plus encore.
Rédigé par : José | 12 avril 2008 à 14:34
Depuis 15 jours, je constate dans mon environnement professionnel que les fonds d'investissements ressortent du frigo les dossiers d'acquisitions. On dirait un retour de liquidités, ce qui confirmerait l'opinion de Patrick Artus de Natixis.
http://www.challenges.fr/recherche/20080403.CHAP1024797/aben_bernanke_a_remis_les_marchs_dans_le_bon_sensa.html
Rédigé par : Michel B. | 12 avril 2008 à 19:13
.....Si on estime à 1000.000.000.000$ la dette, cela représente du suvprime pour 10.000.000 maisons !!!!!
INVRAISEMBLABLE !!!
Une etude US en mars prevoit ces chiffres en cas de baisse de 20% de l’immobilier residentiel ,on y est presque dans pas mal d’endroits des Etats - Unis.
Ce que le G7 nous ( au monde entier) prepare :
Petite comparaison entre l'affaire du Crédit Lyonnais et la crise des subprime
Par : Philippe Bechade
www.la-chronique-agora.com
http://www.24hgold.com/viewarticle.aspx?langue=fr&articleid=242377_Petite_comparaison_entre_l_affaire_du_Credit_Lyonnais_et_la_crise_des_subprime_Philippe_Bechade_
CREDIT DEFAULT SWAPS :
DERIVATIVE DISASTER DU JOUR
Ellen Brown, April 10th, 2008
http://www.webofdebt.com/articles/derivative-disaster.php
Rédigé par : vladimir | 13 avril 2008 à 09:31