Depuis deux jours, le spectacle politique est centré sur le centrisme. Soit les candidats du Mouvement Démocrate font alliance avec le PS qui les accueille avec joie, soit, à leur approche, se pense assez fort pour se passer d'eux ; soit ils se rallient à l'UMP, qui leur fait des oeillades gourmandes et ne demande pas mieux que de les manger ; soient ils ne rallient à personne, ce qui est courageux mais suicidaire.
Dan tous les cas de figure, le MoDem, qui s'est rêvé le centre magnétique de la vie politique française, faute d'une puissance de feu suffisante, n'en est décidément que la force d'appoint.
Les manœuvres des derniers jours risquent au demeurant d'accélérer sa déconfiture et, en tout cas, sa décrédibilisation. Que ressort-il en effet de tout cela pour son image et sa nature profonde ?
Non pas un légitime désir d'indépendance, non pas “l'invention de la politique du XXIe siècle“, non pas une meilleure prise en compte des problèmes réels du pays, non pas une approche originale de la politique, non pas une stratégie claire, mais de la tactique électorale de la pire espèce, illisible, incompréhensible et inacceptable pour les électeurs, dont les préoccupations sont décidément à mille lieues de tout cela.
PS - Au demeurant, après le débauchage de l'essentiel de l'UDF par l'UMP lors de sa création en 2003, après le débauchage de la majorité des élus de l'UDF par Sarkozy et la création du Nouveau Centre en 2007, après les déchirements lyonnais et autres qui ont précédé les Municipales, qu'adviendra-t-il du dialogue des élus municipaux MoDem associés au PS avec ceux alliés à l'UMP ? Les uns et les autres pourront-ils faire preuve d'unité et de liberté ou seront-ils doublement entravés et conduits à se dissocier ? Décidément, cette stratégie de la peau de chagrin est bien curieuse et ce projet “rassembleur“, bien diviseur.
votre titre apres les pertes de la gauche aux municipales précédentes???CE JOURNAL DEVIENT DE LA MERDE
Rédigé par : plancke | 11 mars 2008 à 19:32
"non pas une stratégie claire", voilà tout le probléme du MoDem, et cela est la conséquence du choix strategique fait il y a un an. Franchement cela me fait marrer vu les réactions que j'ai subi qd je l'ai annoncé, à peu prés à la mm époque l'an passé. Alors que ce n'était pas une attaque mais une mise en garde.
Eh oui, de nos jours, un mauvais choix stratégique cela se paie cash...
Le plus drole c'est que ce parti afficherai un large sourire aujourd'hui, si François Bayrou avait opté pour l'autre choix, avec de bons résultats aux municipales, un groupe parlementaire, et de belles perspectives pour élections régionales.
Bon, tout n'est pas tout fini, mais là ça se complique sérieusement. Pour s'en sortir, il ne lui reste qu'une solution, mais là, il falloir être bon, trés bon.
Rédigé par : Frédéric | 11 mars 2008 à 19:42
Je ne suis pas d'accord avec cette analyse un peu sévère. Pour moi, le Modem est un parti très hétérogène, qui regroupe des hommes et femmes politiques aux sensibilités très différentes et ça ne m'étonne pas que localement, les représentants soit un coup plutôt proches de la gauche (Benhamias à Marseille), un coup plutôt proches de la droite (Lepage à Paris 12). Je pense que les électeurs, sachant le passé de leur candidat, peuvent comprendre que les alliances varient.
Enfin, le Modem me semble être surtout un parti de présidentielle, autour d'une candidature centriste qui ne trouve son sens qu'au niveau national. Je pense que ses résultats à des élections locales, où le discours "le meilleur de la gauche et de la droite" est moins pertinent, montrent que les Français maintiennent une attention pour ce projet et laissent toutes ses chances à Bayrou en 2012, surtout si l'image de Sarkozy et du PS ne s'améliore pas d'ici là.
Rédigé par : Bertrand | 12 mars 2008 à 10:17
@Bertrand : ce projet et ce parti se veulent rassembleurs, ce qui signifie une chose : chercher des dénominateurs communs entre des sensibilités différentes. Or, depuis des mois, on a plutôt l'impression d'une recherche erratique des différences parmi des sensibilités proches, d'un tirage à hue et à dia des uns et des autres et parfois des mêmes.
Ce que j'entends, par exemple, de ce qui se passe à Paris est carrément étonnant : Dimanche, Marielle de Sarnez fait des ouvertures publiques au PS. Elle échoue. François Bayrou négocie alors discrètement par téléphone avec Françoise de Panafieu qui lui accorde le nombre d'éligibles suffisants (5) pour former un groupe. Marielle de Sarnez en exige alors 10. Refusé.
Résultat des courses : foin des idées, des convictions, on est allé vers le plus offrant, ce qui n'est pas glorieux et, en plus, on négocie de telle manière qu'on se plante. Pas très encourageant, tout ça, non ? :)
Pour ce qui est de 2012, on est encore trop loin pour faire la moindre hypothèse. Reste que la politique d'ouverture de Sarkozy a largement coupé l'herbe sous les pieds de Bayrou.
Si Sarkozy échoue, ce qui est probable, sur les aspects économiques et sociaux de sa politique, il n'est pas du tout sûr qu'un François Bayrou, sans troupes et sans sensibilité sociale particulière, soit me mieux à même de récupérer la mise.
Rédigé par : José | 12 mars 2008 à 10:56
Il y a une chose qu'on ne peut pas reprocher à Bayrou, il a clairement annoncé la couleur à ceux qui se posaient la question de voter ou pas pour lui : le but annoncé est d'implanter un maximum d'élus, n'oublions pas que le MoDem part de zéro. Il ne fait rien d'autre que ce qu'il a annoncé. Aller au plus offrant est annoncé dès la feuille de route. Faire en sorte qu'il y ait le plus possible d'élus centristes au feu de l'action locale me paraît un choix sensé.
Ce n'est pas sans risque de brouillage d'image et de convictions. Avait-il le choix ? Se lancer dans la merchandisation d'un projet politique ? Mais depuis 9 mois, tous les médias sont braqués sur Sarkozy, dont l'hyper-activité et les frasques ont décuplé l'intensité de son suivi médiatique. A tel point que le fil rouge de la campagne municipale aura été la popularité présidentielle auscultée quotidiennement : point de politique de la ville ni de répartition des compétences dans la campagne, juste notre feuilleton quotidien de la série "Sarkozy Président chez les Français".
Dans le contexte actuel, Bayrou ne peut rien faire au plan projet avant le congrès du PS et l'éventuelle définition d'une ligne directrice.
Au fond, sa démarche actuelle ne peut choquer que si l'on n'a pas clairement en tête l'objectif poursuivi, ou si l'on est encore sensible à une politique forte ou partisane.
Rédigé par : Michel B. | 12 mars 2008 à 12:08