“Il faut raison garder et ne pas vendre“, “Il faut acheter au son du canon“, “c'est maintenant qu'il faut acheter“, “les titres ont été massacrés, le marché recèle des opportunités“, “les fondamentaux sont sains, cette correction est exagérée“, “ce n'est pas un krach, c'est un mini-krach, une correction“...
J'ai entendu ce type de platitudes de circonstance, proférées sur tous les médias par des spécialistes, des experts, des ministres, chaque lendemain de crise boursière, en 87, en 2000, en 2001, ce matin. L'objectif est simple : éviter d'amplifier la panique, en montrant une sorte de confiance conjoncturelle.
Il va toutefois de soi que ce type de discours s'adresse d'abord aux petits porteurs : les gros (établissements financiers, institutionnels, grands comptes, spéculateurs avisés) ont vu venir le coup de grisou et se sont rendus un peu ou beaucoup plus liquides depuis quelques semaines, quelques mois ou, lorsqu'ils sont collés (les établissements financiers victimes des subprimes), ont procédé à des arbitrages plus ou moins douloureux pour minorer leur propre déconfiture.
Donc “ne pas vendre“ ou “acheter“, disent-ils. Quelques éléments plaident cependant pour la plus grande prudence.
Pour l'heure, la crise suit un cours logique : crise immobilière suite à une dizaine d'années de spéculation effrénée, avec pour conséquences en domino, crise du crédit immobilier, crise du crédit tout court, crise bancaire.
Ça, c'est fait, mais on n'en a pas encore vu le bout : les banques ont passé des provisions sur leurs engagements dans les subprimes, mais elles sont, de toute évidence, partielles et leurs montants croîtront spectaculairement tout au long de cette année.
La crise immobilière et financière a d'abord été américaine, mais, compte tenu de l'importance de l'économie US, elle constitue un bon produit d'exportation vers l'Europe et les pays émergeants : à voir la tête des places boursières asiatiques ce matin, ça, c'est fait aussi.
Viendra ensuite la crise des bénéfices des entreprises : qui peut croire que, dans le contexte actuel, les entreprises, dont tous les experts s'accordent à dire qu'elles sont en bonne santé, vont continuer de faire croître leurs profits de 5, 10, 15, 20% l'an, deux à quatre fois plus vite que l'activité économique ?
Qui peut le croire, surtout si l'activité économique se contracte, sous le double effet du resserrement du crédit et de la baisse de la consommation des ménages ?
Le plus probable est donc que le resserrement du crédit et le ralentissement de l'activité feront plonger, sur plusieurs trimestres, les bénéfices des entreprises. Et leur valorisation aussi. Et pour celles qui sont cotées, leur cours boursier.
La crise boursière est donc loin d'avoir atteint un plus bas sur l'année 2008. Il y aura des remontées techniques. Et de nouvelles baisses qui, comme tout est lié, nourriront la baisse de l'activité. Jusqu'où ? Pas la moindre idée.
En tout cas, à la place des petits porteurs, je profiterais de la première accalmie technique pour réaliser les positions sur lesquelles je suis encore bénéficiaire et je ne me presserais pas pour racheter.
Mais je ne suis pas à leur place, ayant depuis longtemps préféré acheter des arbres que je ne verrai pas monter jusqu'au ciel, plutôt que des actions dont j'ignore jusqu'à quel étage de l'enfer leurs racines descendront.
PS - Jeudi dernier, alors que le CAC 40 était était déjà descendu à 5.157 points, on prédisait ici sa chute prochaine (d'ici avril) dans la zone des 4.500 points. Vers 9h25 ce matin, c'était chose faite, avec un plus bas à 4.505,14 points, avant que des rumeurs de baisse des taux américains en urgence ne ravivent temporairement le marché. Compte tenu de ce qui est dit ci-dessus, la dégringolade risque d'être beaucoup plus rude encore dans les mois qui viennent.
Européens preparez la vaseline!!
Configuration pour 2008:
-Impact reel des subprimes
-Dans quelques jours résultats des banques
-Inflation en chine
-Recession aux states (et pas forcement pour les raisons que l'on croit)
Et j'en passe...
Donc si on ne change pas rapidement notre fusil d'epaule, il va y avoir du sport.
Tiens en passant , la politique de civilisation souleve bcp d'interrogation semble-t-il, un début de déclinaisons possible ici:
imagine2012.typepad.com
Rédigé par : Frédéric | 22 janvier 2008 à 10:03
J'ai rarement vu un tel concentré de bétises.
Pour vous, quand le marché baisse, c'est mauvais, et quand il monte c'est bon?
Vous vivez encore au dix neuvième siècle!
Dans un modèle financier totalement dématérialisé (titrisation, etc.), tout mouvement est BENEFIQUE pour un certain nombre de gens. La mort, c'est quand le marché ne bouge pas.
Les propos que vous tenez sont aussi crédibles que de dire que votez à gauche, c'est s'assurer la mise en oeuvre d'une politique de gauche. Sachant que Delors, Mitterrand, Jospin, Attali ont été beaucoup plus libéraux que tous les petits joueurs de l'UMP actuelle, vous devez en déduire que vous faites faux pas.
Et si vous boursicotez, vous devriez aussi savoir que le Yoyo existe, et que les adultes y jouent beaucoup.
Sur ce, je me désabonne de ce blog. J'ai autre chose à faire que de perdre mon temps.
Rédigé par : Stephane Rodriguez | 22 janvier 2008 à 10:53
Et hop ! Au revoir, M. Rodriguez. Je vous quitte, j'ai un rendez-vous urgent au XIXe siècle :)
Rédigé par : José | 22 janvier 2008 à 11:16
Ben merde, tout s'éclaire!
Moi aussi, je me suis planté de siècle!!!
Tout d'un coup, j'ai le sentiment que tout se complique, c'était déjà pas simple;)
Rédigé par : Frédéric | 22 janvier 2008 à 11:56
Petit clin d'oeil humoristique :
http://swissmiss.typepad.com/weblog/2008/01/the-stock-marke.html
Rédigé par : s427 | 22 janvier 2008 à 14:08
Je trouve ce titre super ! Je n'aurais pas osé le faire ;-)
Rédigé par : Didier | 22 janvier 2008 à 14:20
@s427 : merci pour le lien. Vu, Ri, Reproduit dans le post suivant:
http://swissmiss.typepad.com/weblog/2008/01/the-stock-marke.html
@didier : il y a des jours où ma vocation pour pour l'almanach Vermot me dépasse :)
Rédigé par : José | 22 janvier 2008 à 16:29
Réponse de la FED, un traitement de cheval!
Ca va tanguer sévère chez nous.
A moins que...
Rédigé par : Frédéric | 22 janvier 2008 à 16:38
Ah ben ça, Fred, ils vont se renvoyer le bébé !
Bernanke baisse ses taux, très bien, donc le dollar va rechuter et pan dans les dents de l'Euro et des exportateurs européens !
Du coup, la commission européenne demande aux Etats-Unis de réduire leur train de vie, rappelant -à juste titre- que les déficits courants et budgétaires américains sont “la cause principale“ des turbulences boursières.
Tout ça ne crée pas les conditions d'une réaction puissante, durable et coordonnée des Etats face à la déconfiture des marchés. Ce qui ne va pas aider à rétablir la confiance
Rédigé par : José | 22 janvier 2008 à 16:48
Pas mieux!
Un bémol sur les déficits, les chinois s'amusent avec et les américains ne vont pas se facher avec eux pour quelques mécontents en Europe...
Mais soyons rassuré en Europe et particuliérement en France les fondamentaux sont bons, mort de rire!
A ce sujet, je te conseille le billet du jour de Jean-Michel Aphatie.
Un dernier truc, si en Europe on changeait notre fusil d'épaule, on leur ferait l'affaire à l'envers sans problème, mais cela semble trop compliqué ;)
Rédigé par : Frédéric | 22 janvier 2008 à 17:16
Une petite dernière pour la route, pour Dick Green, analyste de Briefing.com:"il va être dur de mettre fin à l'idée qu'une récession mondiale est imminente".
Mais on s'enfout nos fondamentaux sont bons!!!
Rédigé par : Fred | 22 janvier 2008 à 17:40