Souvent, la nuit, je pars en maraude dans un musée du bout du monde, à la recherche d'histoires, de sens, d'émotions, de beauté.
Cette nuit, en deux clics, je suis retourné au MOCA (Museum Of Contemporary Art de Los Angelès), visité “en vrai“ il y a plus de vingt ans. Inauguré en 1979, il faisait alors piètre figure comparé au MOMA. Je crains que ça n'aie pas changé.
Je me suis plongé dans les acquisitions récentes. Pas un regard, une inspiration, une vision, un savoir-faire qui étonne ou émeuve.
La beauté n'est décidément pas le propos, l'émotion non plus, le sens est minimal, sinon benêt, le portrait du monde que tout cela dessine est navrant pour l'intelligence.
Regardez de Décembre 2003, de Enrique Martinez Celaya, qui ferait passer un peintre Montmartrois pour un génie, ces machines de Rita McBride, réalisées en acier et porcelaine, le non-lieu de Thomas Hirschhorn, cet écorché de Volkswagen de Damian Ortega ou ce panneau routier de Ron Terada.
Au mieux, si l'on est de bonne humeur, cela tire un sourire ou un bon rire et on peut en conclure qu'un portrait ressemblant du monde d'aujourd'hui est d'abord celui de ses objets ou ses poubelles.
Mais on ne peut s'empêcher de penser que les acquéreurs achètent tout et n'importe quoi, dans la seule terreur de ne pas rater “l'artiste“ qui marquera son temps.
Ne le dites surtout pas : la présence d'une “œuvre“ au MOCA permet en tout cas de faire grimper les cours de l'“artiste“ et d'organiser la spéculation.
Oui, bon…
et en même temps : comment apprécier à sa juste valeur, en petite vignette sur un écran, via le réseau internet, une œuvre qui est faite pour l'expérience de la confrontation physique avec le spectateur ?
comment apprécier les qualités picturales (textures, matières, gestes…) d'une peinture dont on ne perçoit que l'hyper réduction pixellisée ?
combien de reproduction peu convaincantes se révèlent avoir été trompeuses dès lors que l'on est en face de l'œuvre et qu'elle nous surprend ? (le contraire existe aussi me direz vous…),
bref, sur ce coup là, je ne vous suis pas.
l'art contemporain n'a pas pour seule fonction de consoler (par la beauté romantique, d'un monde en perdition) il peut aussi dire la frustration, le désenchantement, la colère, l'humilité de l'acceptation de la perte des critères des temps héroïques…
à part ça, merci pour tout ce que vous publiez sur votre blog.
bonne continuation
jzr
Rédigé par : jzr | 31 octobre 2007 à 02:37
hyper reduction pixellisée ... ouais, voila. mon commentaire est une reduction hyper pixel machin de ce que je suis. voila.
Rédigé par : sophie | 02 novembre 2007 à 15:38
Eh oui! parfois on a vraiment l'impression que les artistes "se foutent de notre gueule". Hier, d'ailleurs, à l'expo The Third Mind il y avait une oeuvre "invisible" qui sonnait à chaque fois que quelqu'un s'en approchait! Ils exagèrent parfois!
Rédigé par : addicted girl | 02 novembre 2007 à 16:38
C'est quoi l'histoire du carré blanc Louis Vuitton
http://www.newsluxe.com/2007/11/vuitton-et-murakami-moca-los-angeles.php
Rédigé par : Daniel Gugli | 12 novembre 2007 à 18:39