Lu le dernier livre de Yasmina Reza.
Le personnage principal a l'air assez sympathique. Non, en fait, pas vraiment sympathique, plutôt touchant. Sympathique, on aurait envie d'être son ami ; touchant, on a envie de le protéger de lui-même. Et comme il a quelque pouvoir sur nous, de nous protéger, par la même occasion.
Seul, très seul. Il me fait penser à ce garçon qui, quand j'avais onze ans, passait toutes les récréations à courir obsessionnellement autour de la cour du lycée. Il semblait courir après le vent. C'est du moins ainsi que je le percevais et que je m'en souviens.
C'est un homme de son temps, un joueur : happé par le présent, indifférent au passé et comme étranger à l'avenir. Adepte de la vie immédiate. Pas celle d'Eluard, celle de ce et ceux qui brillent. Car, au fond, dit l'auteur, ce petit homme est un grand enfant.
Cet homme insécure sait admirablement séduire, envouter et dominer les hommes. Il sait manier le langage. Mais il semble ignorer les choses -les idées, les systèmes-, qui ne lui disent rien de lui. Le poids des choses...
Les choses pèsent plus lourd que les hommes et les mots. Manier les hommes ou les mots, c'est un talent, manier les choses, c'est de l'art. De toute évidence, cet homme d'ambition n'ambitionne pas d'être un artiste.
Il aime le mouvement. Il croit que c'est la vie. Ce n'en est que l'apparence. Ou la moitié.
Il y a dans ce livre, qui ne ressemble à rien, entre roman et reportage, entre rapport d'analyse médicale et hagiographie, entre sentiments forts et vulgarité, entre distance et effraction d'intimité, quelque chose de Marguerite Duras. Ces phrases courtes, comme interrompues en plein vol. Cet incessant va et vient entre sublime et banalité...
Mais au total, l'exercice est décidément étrange, comme l'est sans doute le destin qu'il brosse : “Je suis content en profondeur, mais je n'ai pas de joie.“
On est aux antipodes de Malraux et du personnage principal des “Chênes qu'on abat“. Là, c'est plutôt : “Les chaines dorées qu'ont les nababs“.
L'aube le soir ou la nuit, Yasmina Reza, Flammarion, 18 €.
Merci de ce brillant résumé.
On dirait qu'il se prépare "du culte de la personnalité" dans la plus pure tradition.
Ce qui motive le petit Grand chef n'est d'aucun intérèt pour les emmerdés. Il reste le pantin d'un groupe d'individus qui manipule l'histoire depuis longtemps.
Avec un bon mariage sa progéniture pourra sans doute entrer dans la classe fermée à double tour d'ivoire, son rêve d'ados enfin se réalise.
Il a jeté à bas le lourd fardeau de la conquète et peut maintenant se repaitre du pouvoir tout puissant des ouins de la République.
Qu'il se régale, il l'a mérité. Tant que nous aurons besoin d'ouindre, l'huile sacrée sert en retour à lubrifier nos orifices.
Rédigé par : luluberlu | 24 août 2007 à 12:50
Cette citation « Si je gagne, je voudrais supprimer le Front national, le Lion’s Club et le Rotary.” Va faire (fait déjà) du bruit dans le landerneau
Rédigé par : PB | 26 août 2007 à 19:40