Premier jour d'été depuis trop longtemps. Aussitôt, non loin d'ici, l'arrosage intensif du maïs a repris.
Ces deux exemples pourraient multipliés à l'infini : l'agriculture et l'industrie utilisent et gâchent à grande échelle des ressources naturelles dont tout indique qu'elles vont se raréfier dans les prochaines années.
En face, des campagnes le plus souvent bien intentionnées, dont certaines ont été relayées ici, invitent chacun à faire les “gestes qui sauvent“, à être économe d'eau ou d'énergie. La pédagogie est utile et il est effectivement absurde et stupide de laisser couler un robinet pendant la ou les deux minutes que dure un brossage de dents (au bout d'un an, à raison de 7 litres par minutes, 2 minutes par jour, on a gaspillé 5,11 tonnes d'eau, soit 306,6 millions de tonnes d'eau pour l'ensemble des dents de la population française).
Mais ces campagnes de sensibilisation et de responsabilisation individuelle ne sont-elles pas, malgré tout, des faux-semblants, de formidables exercices d'hypocrisie collective ?
Ne sont-elles pas l'aveu de l'impuissance de l'Etat face aux puissances économiques ? Pour donner le change, il est plus facile de donner mauvaise conscience aux individus -le maillon faible-, plutôt que de limiter par la loi les vrais gâchis, dont sont responsables les entreprises agricoles et industrielles -le maillon fort-.
La réponse aux problèmes environnementaux, à la question de la raréfaction des matières premières et, notamment de l'eau, est éminemment politique. Tout en sensibilisant les populations et en les invitant à l'économie, elle doit s'attaquer réellement aux grandes causes du gâchis.
Sinon, pourquoi, comme me le disait hier Isabelle, s'imposer l'économie -la douche- et renoncer à prendre un bain quand, par ma fenêtre, je vois des quantités d'eau hallucinantes utilisées par un agriculteur pour nourrir du bétail ?
Où est la logique ? Où est la cohérence politique ?
Tu me forces à écrire ;) (c'est fait : je viens de mettre en ligne mon billet sur le sujet).
En revenant de chez toi par le train cet après-midi, je cherchais désespérément des vaches, des moutons dans le paysage... n'importe quoi pour distraire mon petit Thomas qui ne restait pas en place. Et bien rien !! 60 % de notre surface agricole est utilisée pour l'alimentation animale. et pas un animal dehors.
Des champs de maïs à qui mieux mieux, et vaches, poules et cochons... dans les hangars. Ca m'a vraiment fait mal au coeur.
Rédigé par : isabelle | 25 août 2007 à 21:52
Cela fait approximativement 3 semaines que je visite quotidiennement votre site et voila que je me décide enfin à laisser une trace de mon passage !
Tout ça pour vous dire que ( au risque de passer pour une groupie ecervellée ) je vous supplie de ne jamais cesser d'écrire vos articles qui m'enrichissent,m'interessent,me divertissent.J'aime votre style d'écriture simple,modeste et riche à la fois.
Je suis toulousaine et en train de former,avec d'autres jeunes desespérés par notre société,un groupuscule anti-pub.Votre carnet de nuit est parfois une source pour moi.
Bonne continuation à vous.
Rédigé par : Séverine | 26 août 2007 à 01:38
A qui le dis-tu : on s'est encore ramassé la sempiternelle directive préfectorale de restriction d'eau, genre une douche pour 2, ne pas remplir de bain de pieds et laisser crever les rosiers... sauf qu'il a tellement plu ces derniers mois et même ces dernières semaines que tout est vert et que les roses se préparent à entrer dans l'automne en pleine forme.
Par contre, dans la cambrousse environnante, les agriculteurs arrosent leur putain de maïs sous la pluie!
Ça commence vraiment à gonfler le n'importe quoi!
Rédigé par : Le Monolecte | 26 août 2007 à 10:03
Moi aussi j'ai été choqué par ces centaines de mètres d'arrosage automatique lorsque j'ai traversé certaines régions pour aller en pays basque alors qu'il y a pénurie et que chez nous les petites piscines individuelles sont interdites de remplissage (ce qui, entre nous, multiplie le besoin et l'usage de la douche).
Rédigé par : Claudius | 26 août 2007 à 11:55
Y aurait-il ici le signe d'un prélude à une insurrection ?
Eh oui, boire son café, son pastis, sa menthe sans eau afin que nos chers (!) agriculteurs puissent remplir les réservoirs de nos voitures avec un éthanol de maïs que nous sur-subventionnons et qui est d'un point de vue thermodynamique et environnemental une fort mauvaise affaire, voilà qui semble bien dur !
Eh oui les "gestes" citoyens et petites disciplines que nous nous imposons (pour certains, probablement une minorité) ne suffiront jamais même si tout le monde "pratiquait".
Et "nous" avons élu une personne qui veut nous faire travailler plus => suer plus => boire plus...
Il y avait de la rosée ce matin dans la campagne !
Aïe ... je sors !
Rédigé par : jcm | 26 août 2007 à 13:00
Je milite depuis plus de 25 ans dans la protection de l'environnement et je commence seulement à comprendre qu'il n'y a pas de solution au problème. Comment résister au désir du toujours plus? Comment redevenir frugal dans un monde opulent? Impossible!
Alors, attendre le crach en savourant l'instant qui passe...
Rédigé par : calidris | 26 août 2007 à 17:10
Sans vouloir vous contredire sur le fond de l'article (vous avez mille fois raison), remarquez que le lac Léman contient 89 milliards de mètres cube.
La consommation d'eau de Coca-Cola, si elle est de 290 milliards de litre, ne représenterait donc que 3 millièmes du volume du Léman.
Rédigé par : Fabien | 26 août 2007 à 20:07
Fabien, ne connaissant pas bien les contenances au-delà du Jéroboam, j'avoue que je n'ai pas refait le calcul de Terra Economica...
Rédigé par : José | 26 août 2007 à 20:10
Vous me copierez cent fois : "il ne faut pas reprendre les infos des autres sans les vérifier".
Sinon, après, les "vrais" journalistes, ils font rien qu'à dire que le web, c'est pas sérieux.
Rédigé par : Fabien | 26 août 2007 à 20:22
Pas évident de donner une image "parlante" d'un phénomène !
Le Léman ?
C'est grand...
Trois fois son volume, ou 0,003 fois, ce doit être de toutes façons assez grand et je ne me suis pas attardé à cette image simplement parce-que les chiffres n'ont pas toujours une grande signification, et plus ils comportent de zéros moins ils en ont en général.
Car on se représente intellectuellement très mal les grands nombres.
Cela dit le calcul est en effet erroné mais l'eau pose de terribles problèmes partout dans le monde.
C'est pourquoi, hormis ce détail, le fond de l'article de José demeure tout à fait valide : il se fait de multiples gâchis à toutes les échelles, de l'industrie au petit consommateur.
La qualité de l'eau n'est pas toujours ni partout au rendez-vous jusqu'au jour où la quantité, pour une eau de qualité, fera défaut même dans notre pays.
Et là le petit geste de certains "monsieur tout le monde" n'y fera rien : on sait qu'une très grande majorité de nos eaux souterraines et de surface sont gravement polluées, on sait que l'on paye une eau potabilisée de plus en plus cher, on sait que cette tendance ne s'interrompra pas avant longtemps, on sait que des poissons sont gravement affectés par des oestrogènes dans un certain nombre de rivières, que le Rhône est gravement pollué par d'énormes quantités de PCB...
Comme Calidris je suis souvent tenté par ce "attendre le crach en savourant l'instant qui passe..." qui est un terrible aveu d'impuissance.
Impuissance des démonstrations, des illustrations par des images "parlantes", des plaidoyers, des constats... car il semble profondément ancré dans les esprits qu'on ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs (et si possible un maximum).
Pourtant, depuis des années : Münich : la ''bio'', pour une eau non traitée.
Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres d'une gestions assez exemplaire.
Un exemple sanitairement, environnementalement et financièrement très... exemplaire !
Combien sommes-nous à en connaître de pareils, à les faire connaître auprès de tous, amis, familles, élus, collègues... au moment où nous recevons notre facture d'eau et d'assainissement en particulier (appuyer où ça fait mal façon "si nous étions moins crétins nous aurions au robinet une eau de qualité "minérale" bien moins chère").
Munis de tels exemples on peut tout de même tenter de continuer le combat...
Rédigé par : jcm | 26 août 2007 à 22:01
Pour économiser les ressources naturelles, le petit geste le plus simple, accessible à tous et très efficace, est tout simple : n'acheter que ce dont vous avez réellement besoin.
Une technique simple consiste à s'imposer un délai de huit jours avant l'achat d'un bien quelconque (pour le pain et les légumes vous pouvez vous autoriser quelques libertés :)) )
N'oublions jamais que ce que les entreprises produisent, c'est nous qui le consommons.
Nous ne voulons plus d'arrosage de maïs, diminuons notre comnsommation de boeuf !
Rédigé par : bertrand | 27 août 2007 à 12:10
Ca faisait un moment que je m'imaginais être le seul à avoir ce genre d'idées José. Merci de me détromper.
Je pense aussi qu'il serait beaucoup plus efficace de s'attaquer à des sources de gaspillages massifs qu'à culpabiliser les particuliers, mais visiblement tout le monde ne perçoit pas cette évidence... jusqu'aux organisations écolo qui font des campagnes de pub qui visent les particuliers !
Et il n'y a pas que l'eau - loin de là. Quand je vois le dimanche les immeubles de bureau illuminés le long du périph, je me dis que mes interrupteurs anti-veilles ne servent pas à grand chose.
Quand je vois les tonnes de papier envoyées à l'incinérateur par des entreprises qui sont curieusement exemptées du tri des déchêts, je me dis que ça ne sert à rien de continuer à porter les épluchures sur le tas de compost.
Rédigé par : Kilroy | 27 août 2007 à 19:10
Il y a la "cohérence environnementale" pour laquelle tous les efforts, du plus minime au plus massif, auront leur utilité.
D'un autre côté il y a la cohérence politique, question posée par José : où est-elle ?
Et, autre question posée par José, celle de la logique et là...
Une certaine "logique" voudrait peut-être que l'on puisse culpabiliser ceux qu'il est le plus facile d'atteindre, les individus lambda, quitte à les faire taire de mille et une manières plus ou moins claires.
Cette logique est à l'oeuvre depuis déjà longtemps et permet aux plus puissants de continuer à agir à leur guise, advienne que pourra par la suite mais les bénéfices seront engrangés à temps.
Cela, en réglant sa facture d'eau, chacun devrait l'avoir en tête et en concevoir une certaine rage.
Encore faudrait-il que ce "chacun" là soit au courant des mécanismes qui poussent le prix du mètre cube à chaque fois vers un nouveau sommet.
Et là il me semble qu'une faille béante... à moins que les français soient ce que disait Le Général ?
Alors continuons à "porter les épluchures sur le tas de compost", car cela a une utilité, mais ne nous contentons pas de cela !
Rédigé par : jcm | 27 août 2007 à 20:22
Sur Coca-Cola, on peut lire également ce billet sur un blog de voyageurs hébergé par Libé : http://aventure.blogs.liberation.fr/eautour_du_monde/2007/03/test.html
Rédigé par : Bertrand | 05 septembre 2007 à 14:37