On l'a dit ici, là ou là, à plusieurs reprises, l'une des menaces majeures qui pèsent sur la finance mondiale et, au-delà, sur l'économie-monde, réside dans le double déficit abyssal -commercial et public- des Etats-Unis.
Le train de vie américain (celui des ménages, mais également celui de l'Etat Fédéral et, notamment, de ses dépenses militaires) est financé par le reste du monde et, notamment, par les pays pétroliers, le Japon et la Chine.
La question lancinante qui revient est simple : que se passera-t-il le jour où les créanciers de l'Amérique, pour des raisons diverses (idéologiques, géo-politiques, financières ou économiques), décideront ou devront rapatrier leurs avoirs, aujourd'hui largement investis en bons du trésor américain ?
Cette question n'est pas seulement théorique : à preuve, la Chine, deuxième créancier de l'Amérique après le Japon, détenait, en mai dernier, 407,4 milliards de dollars en bons du Trésor Américain.
Depuis deux ans, la Chine a fait évoluer sa politique d'investissements. De plus en plus, elle diversifie les investissements rendus possibles par ses colossales réserves commerciales, par l'acquisition de concessions minières en Afrique ou celle de participations dans le capital de sociétés internationales. Au point que les américains s'en inquiètent.
Xia Bin, le responsable financier du Centre de recherche sur le développement, a affirmé voici quelques jours au Daily Telegraph que les réserves étrangères de la Chine devraient être utilisées comme un "pion de marchandage".
He Fan, un responsable de l'Académie chinoise des sciences sociales, a affirmé que Pékin avait la capacité de provoquer une chute du dollar s'il le voulait.
Aussitôt, Le président George W. Bush et son secrétaire au Trésor Henry Paulson ont mis en garde [hier] la Chine contre toute vente de titres américains, qui serait "téméraire" et "absurde".
"Il serait téméraire de leur part d'agir ainsi", a affirmé M. Bush dans une interview sur la chaîne de télévision Fox News. A la question de savoir si cela affecterait la Chine plus que les Etats-Unis, M. Bush a répondu : "absolument, c'est ce que je pense".
Pour sa part M. Paulson a estimé qu'il s'agissait d'une idée "absurde".
Téméraire, c'est sûr : si la Chine met à mal les Etats-Unis, son principal client, elle met en danger sa croissance, fondée sur la fabrication de produits destinés à l'exportation.
Absurde ? C'est beaucoup moins sûr si, par exemple, elle décide de consacrer une part plus importante de son activité à la consommation intérieure.
Et si les vikings partaient a la conquete de la normandie, de l'irlande, de la russie ? ah ben, ça a été fait, il y a plus de 1000 ans. et le monde a continué de tourner.et dans 1000 ans, il s'en passera d'autres. :)
Rédigé par : sophie | 09 août 2007 à 20:05
José, les Américains sont les premiers à demander à ce que les Chinois développent leur marché intérieur.
Rédigé par : Francis | 11 août 2007 à 20:49
Tout dépendrait des volumes en jeu par rapport au temps, du rythme auquel se ferait la baisse de ce financement, mais cela pourrait en effet bouleverser pas mal de choses.
Rupture d'un train train somme toute relativement récent (il n'y a pas des siècles que la Chine finance les USA !), et je me souviens de ce que j'écrivais sur les phénomènes non linéaires il y a quelques temps déjà : ...il serait par contre important que nous sachions nous mettre à l'écart de dangers dont nous savons qu'ils peuvent nous guetter, avec une forte probabilité qu'ils se manifestent un jour..
Et qu'on ne me dise pas que personne n'a jamais imaginé que la Chine puisse en venir à trouver moins d'attraits à certains bons du trésor !
Gouverner, est-ce prévoir ?
Et attendons-nous à ce que d'autres inflexions puissent se produire : Le réchauffement climatique devrait se faire sentir à partir de 2009...
Quelles zones de turbulences devrons-nous affronter, que nous aurions peut-être pu éviter ?
Rédigé par : jcm | 12 août 2007 à 09:02
En fait les chinois ont déjà partiellement mis leur menace à éxécution. Ils diversifient leurs destinations d'investissement (Blackstone en est un exemple fort) et ont progressivement ré-orienté une partie de leur effort vers le marché intérieur. La déclaration de Xia Bin reprise par de nombreux analystes américain, n'est pas anodine mais n'est pas non plus une menace directe. C'est plutôt un signal d'un changement progressif vers la fin du financement du déficit américain par les chinois. Cela mettra du temps, mais cela va se faire.
Il est certain que le RMB va encore monter par rapport au dollar, et les américains vont s'apercevoir que n'était pas la parité RMB/USD qui était l'origine de leur déficit.
Rédigé par : SterWen | 12 août 2007 à 19:19