Bordeaux a rejoint hier la liste des quelques 800 sites classés au patrimoine mondial par l'UNESCO.
J'y étais au moment de l'annonce. Une partie de la journée s'est passée à admirer les façades néo-classiques des quais, dessinées par Jacques-Ange Gabriel vers 1740.
Une autre, à comparer l'état d'esprit qui régnait alors avec celui qui a inspiré la construction des installations universitaires de Talence, à quelques centaines de mètres de là.
D'un côté, des bâtiments à l'allure indémodable, à la solidité presque tricentenaire, qu'un ravalement a rendus comme neufs. De l'autre, des bâtiments poubelles, quarantenaires au plus, qui ne mériteraient qu'un bon coup de pelleteuse.
Au XVIIIe, on bâtissait “comme il faut“, ce qui supposait un pari sur l'éternité. Aujourd'hui, on parie sur une donnée comptable, une durée d'amortissement et on bâtit pour trente ans au plus. Même pas à l'échelle d'une vie.
Là encore, après nous le déluge. Que vaut une société qui, là comme ailleurs, ne sait pas investir pour les générations futures ?
PS - Au moment où je finis d'écrire ceci, discussion avec un chercheur américain, spécialisé dans le cancer, en vacances chez moi.
Il me dit que les budgets de la recherche civile aux Etats-Unis ont été dramatiquement coupés par l'administration Bush au profit des budgets militaires.
Et il ajoute : “Je passe le plus clair de mon temps, non à faire de la recherche, mais à chercher de l'argent pour la financer... On ne sait plus payer les jeunes chercheurs. Du coup, ils délaissent la recherche et abandonnent le secteur à des étudiants asiatiques, moins exigeants en termes de rémunération.“ De l'architecture à la recherche, ce monde est décidément étrange, mais cohérent.
Etrange conclusion, José...
A moins bien sûr que ce "après nous le déluge" soit partie intégrante de cette cohérence.
Et je doute qu'un tel cynisme soit de la partie de façon véritablement consciente.
Pour l'immobilier on pense vraisemblablement qu'une fois l'amortissement effectué on réhabilitera éventuellement s'il est possible d'obtenir ainsi un sursaut de rentabilité à bon taux et faible coût ou bien que l'on reconstruira pour effectuer un nouveau cycle.
Pour que le jeu soit clair à tous points de vue il faudrait que l'ensemble des externalités liées à ce type d'opération soient prises en compte, ce qui changerait peut-être la donne.
Pour ce qui est du l'option des armes n'oublions pas que toute "décision politique mûrement réfléchie" peut avoir des "effets collatéraux", c'est ici le cas.
Tout va donc à peu près pour le mieux dans le meilleur des mondes, c'est en quelque sorte la logique de ces choses qui nous le dit.
"Que vaut une société qui, là comme ailleurs, ne sait pas investir pour les générations futures ?" : des paquets de milliards, José, tu le sais bien !!!
Et lorsqu'il deviendra rentable de construire pour 5 ans seulement nous le ferons, cela va de soi !
De là, peut-être, la nécessité d'outils qui nous permettraient de voir où nous nous trouvons par rapport aux limites que nous devrions nous fixer sous peine de connaître quelques problèmes dans l'avenir.
Cela renvoie pour une part à des indicateurs de "progrès/développement" beaucoup plus évolués que le PIB et à une réflexion sur ce que l'on aurait ou non le droit de faire pour produire de l'argent.
Songeons à ce propos à cette contre étude sur les biocarburants, qui devait être commandée afin de contrebalancer celle sur laquelle furent basées les décisions de développer les agrocarburants tels qu'ils le sont aujourd'hui en France.
Il semble que cette contre étude ne se fera pas : nous continuerons donc à produire de l'argent avec des agrocarburants assez sales, nous aurons le droit de le faire et y serons encouragés (car il y a des subventions à la clef).
Quelle que soit la direction dans laquelle on regarde...
Rédigé par : jcm | 29 juin 2007 à 20:24
il ya une tendance ds les projets archi de ne pas concevoir une construction perenne, à l'image du mobilier on est de plus enplus ds la tendance et à l'ecoute des desideratas des consommateurs (mal eduqués ).....cela a un interet c'est que l'Architecture reste vivante avec des experimentations interessantes/ distribution des espaces, fluidité..... et convivialité tout en menageant des espaces privatifs.....des recherches concernant les materiaux, les detournements d'usage à fins d'habitation.....habitats de transit, cellule d'habitation...... malheureusement à l'heure de l'ecologie (et pas du seul developpemnt durable qui me semble une arnaque......) cette consommation d'habitat constitue un gachis environnemental sans parler de la pollution alors qu'actuellement on peut construire bio sans reconstruire la maison traditionnelle seulement on rentre en conflit d'interet avec le marche BTP (qui produit des maisons de qualité deplorables pr un prix exhorbitant)
que faire? malheureusemnt cela passe par une education du con-sommateur: à refrener son desir pr arriver à tenir compte du milieu et de son empreinte ecologique, d'un discours d'adhesion relativement facile à obtenir mais avec une traduction en acte
Rédigé par : marie | 29 juin 2007 à 22:06