Le monde est Un.
Depuis le premier tiers du XIXe siècle, l’évolution des outils et des moyens de communication a rapproché les hommes, aboli les distances.
La libre circulation des hommes, des idées, des capitaux et des marchandises qui en ont résulté, ont dessiné un monde qui se trouve aujourd’hui, pour la première fois de son histoire, menacé de rupture, d’implosion, à court ou moyen terme.
Pourquoi ? Parce qu’il doit affronter, simultanément, une série de six problèmes qui méritent des solutions radicales et urgentes :
1- la mondialisation de la communication, des échanges commerciaux et de leurs conséquences rend obsolètes nos systèmes organisationnels, fondés sur les Etats-nations,
2- le capital asservit le travail, dissociant l'économie réelle de la finance, pour mieux nourrir la fortune de quelques-uns et les retraites de beaucoup,
3- la croissance, seule mécanique économique mise en œuvre globalement à ce jour, est une fuite en avant mortelle qui tient lieu, à tort, de progrès,
4- la croissance démographique, faite de moins de mortalité infantile et d'allongement de la vie, annonce, à trente ans, une population globale vieillissante et une urbanisation incontrôlable,
5- l'épuisement progressif des ressources non renouvelables (eau, pétrole, etc) promet , dans le même temps, une révision totale des objectifs et des moyens de nos économies,
6- les effets du cours actuel des choses supposent une nature appauvrie, exsangue ou simplement invivable, du fait de la pollution, du réchauffement climatique et autres dérèglements.
Chacune de ces six questions complexes interfère obligatoirement avec les autres. Aucune ne peut être traitée séparément, comme croient pouvoir le faire les spécialistes. Les réponses que nous devons leur apporter sont à leur conjonction. Pas ailleurs.
Elles ne relèvent donc pas de la (des) technique (s). Elles relèvent du politique.
Le politique agit en 3 dimensions dans le temps (au présent, à moyen et à long terme) et dans l'espace (chacun sur sa vie personnelle, sur sa/ses communauté/s, sur son pays, sur le monde). Ici encore, la complexité n’est pas une option, elle est nécessaire.Surtout si l'on considère, à juste titre, que chaque être vivant, chaque communauté, a sa propre vision du monde ; que celle-ci est aussi respectable que toutes les autres et que ce sont ainsi des milliards de visions du monde qui doivent être mises en relation et se retrouver sur quelques grands sujets.
Le monde est divers.
Le monde est Un et divers. C'est
une communauté de destins et, en même temps, une exhubérante richesse
de différences. Le monde est aujourd'hui inter-dépendant. Constitué de
nations, de peuples tout à la fois indépendants et indissolublement
liés les uns aux autres.
Vouloir changer le monde, c’est tenter de gérer cette complexité, faite d'unité et de diversité.
Il y a deux manières traditionnelles de penser le monde : celle qui cherche les ressemblances et celle qui cherche les différences.
Faut-il laisser la première option à ceux qui s’acharnent à “uniformiser“ ? Ou n’est-il pas souhaitable de chercher des points de rencontre, des points de convergence, de coopérations, d'union, de solidarités, pour faire face à notre destin commun ?
A l’inverse, faut-il laisser aux communautarismes, et autres nationalismes, toute liberté pour diviser, accentuer les différences, les points de divergence, le repli sur soi, l'ignorance ou le mépris des autres ? Non, bien sûr.
Il y a donc une troisième voie, à laquelle je crois : aujourd’hui, parce que nous sommes tous interdépendants, il est important de travailler aux convergences, tout en respectant les différences, la diversité.
Négliger cette double dimension, oublier de penser et d'agir “glocal“ -pas penser global et agir local (selon la formule célèbre d'Akio Morita, le fondateur de Sony), mais penser et agir glocal (néologisme pas très heureux phoniquement, j’en conviens :)-, c’est marcher sur une seule jambe.
L'enjeu de la prochaine présidentielle est de préparer la France à des mutations qui supposent une vision globale ET locale, une vision glocale. Indissociablement. Saurons-nous y répondre, sans perdre en chemin une partie de nous-mêmes ?
locaglobal
globolocal
globalolocal
glolocal
Rédigé par : skyrl | 05 février 2007 à 14:08
Quelques réflexions...
Le Monde est Un, c'est un constat fait par toutes les principales religions, par ailleurs.
Dire qu'il y a "deux manières de concevoir le monde", c'est déjà se positionner pour la seconde : celle qui cherche les différences.
« La vérité est dans la limite », ce que disent les boudhistes. On retrouve ainsi votre principe d'interdépendance.
Je désespère parfois de la justesse de notre analyse commune "L'enjeu de la prochaine présidentielle [...] est dans le global ET le local" : la majorité des électeurs, ce que je constate dans le relai presse, les sondages, mes discussions, n'ont cure des problèmes internationaux. Les débats sur l'américanisme, l'europe ou l'écologie ne semblent que distraction, ce qui suscite vraiment l'interêt est bel et bien le local : économie, conditions de vie, exclus, communautarisme des minorités, corruption, sécurité...
Une ligne de fracture déjà établie depuis Kennedy aux USA. Pourquoi, car à 50 ans près, Washington, c'est Bruxelles. Le fédéralisme a vaincu la souveraineté d'Etat. Les américains n'aspirent donc plus qu'à du local, ce qui se traduit dans la dynamique citoyenne (abstentions record aux élections fédérales, militantisme de terrain, puissance des syndicats, décentralisation des pouvoirs locaux).
Nous embrayons, à peine remis de la centralisation Française du second Empire, la réaction pachydermique à la prise de pouvoir des instances fédérales et de l'étatisme est invariablement : plus il y a d'Etat, plus nous nous en désinteressons, plus nous portons nos demandes sur le local.
Cela explique la démagogie de nos candidats, qui à quelques exceptions prêt, eux ne misent que sur le pouvoir d'Etat, fédéral ou mondialiste (global).
Ou autrement dit : Pendant qu'ils préparent le chenil, ils donnent à nous la meute de chiens affamés les quelques os qui fûtes servis à nos parents, et utilisent notre affamement pour mieux nous repaître des leaders de meute accusés de vouloir changer leur condition à leur seul profit.
Bref, nous avons tous le même constat.
Comprendre que c'est sur le terrain de la globalisation qu'il faut se battre est à mon avis réservé à une petite minorité, qui a le temps, l'instruction, l'autonomie intellectuelle économique et sociale de pratiquer la pensée citoyenne systémique, telle que vous la proposez.
Je ne vois pas l'espoir d'un réveil soudain des foules, en tout cas pour cette présidentielle. Il faudra encore plusieurs années, peut-être des décennies. Nous ne sommes pas assez éduqués pour la plupart, très désinformés pour nous qui nous croyons plus conscients. En l'occurence, les emballements qu'il y a autour des questions globales comme l'Environnement, le TCE, l'Internet, la Guerre au Moyen-Orient sont téléguidés par ceux qui enlisés dans les contraintes du local bien réél, essaient d'user du global bien virtuel pour changer LEURS lignes de démarquation dans LEUR partitionnage du pouvoir.
Un seul combat mériterait d'être gagné : restaurer le pluralisme, la transparence et la liberté d'expression, pour permettre à tous d'enfin s'exprimer, penser et de travailler à l'étude des limites.
Internet a ouvert la brèche. C'est loin d'être suffisant. Transformer cette brèche en une agora pour l'ensemble de la population, voici pour moi le seul combat gagnable ces prochaines années.
Rédigé par : skyrl | 05 février 2007 à 14:40
Dilemne : accepter d'être l'empathique receptacle des ( bonnes )idées qui passent et trouver encore la fraicheur de croire a l'eventualité de leur epanouissement . Ou s'accorder au triste temps et se dire que rien ne changera de sitôt.finalement, ce ne sera pas une bonne idée de voter pour georges Quichottez.Merde ... pour qui ?
Rédigé par : sophie | 05 février 2007 à 15:38
Entre le global et le local, comme en toutes choses, tout est affaire d'équilibre. Votre analyse le démontre avec beaucoup de clarté.
Sinon, il y a, dans la première partie du billet, contradiction entre, d'une part, le point 4 et, d'autre part, les points 3 et 6. Soit la durée de vie continue d'augmenter et la catastrophe annoncée par la Conférence de Paris sur l'environnement n'aura pas lieu, soit le monde court à sa perte et nous vivrons de moins en moins longtemps.
Rédigé par : Francis | 05 février 2007 à 18:15
@Sophie : Fernandez, je crois :)
@Francis : la contradiction est apparente. C'est une affaire de synchronicité :)
Aujourd'hui, on s'oriente naturellement vers une population plus nombreuse à 30 ans (9, 10 millards, je n'ai plus les chiffres en tête) ET vieillissante.
Ce nombre lui-même amplifiera des problèmes déjà existants, aux plans environnementaux et sociaux.
L'une de ses conséquences (mais également l'une des conséquences de la crise à venir du paiement des retraites et de la dégradation prévisible des services médicaux) peut être une inversion de la courbe d'espérance de vie.
Rédigé par : José | 05 février 2007 à 18:59
je suis contend d'avoir lu ton texte qui trouve un échos dans nos volontés (nous=notre petit collectif) d'agir.
http://mekanocompany.blogspot.com/2007/02/reklame-comme-un-chos.html
Rédigé par : lény | 06 février 2007 à 16:17
Bien très bien, continuons nos reflexions pendant que d'autres signent des cheques en blanc qui seront source de conflits. Le pardon.... qu'elle belle leçon d'humilité. Merci sarko: travailler plus, consommer plus, m'asservir plus et crever.... jolie jolie, j'apellerai mon fils Béta et ma fille Méga.
Rédigé par : Sparte | 19 novembre 2007 à 18:47