Que les Etats ne soient plus garants de l’intérêt général, c’est un fait à peu près avéré. Peut-être même ne l’ont-il jamais été vraiment, de manière exemplaire.
Mais, dans la période récente, c’est dû, en grande partie, au travail de sape qu’ont accompli les “libéraux“ depuis 30 ans. A force de dépouiller l’Etat de ses prérogatives au profit d’une sphère privée, uniquement motivée par le profit, le concept même d’intérêt général en a pris un sale coup.
Peut-il être aujourd’hui exclusivement repris en compte par la sphère privée, par des individus, comme le pensent certains ? En tout cas, pas par ceux et celles (entreprises trans-nationales, flux financiers animés par les banques, les assureurs et autres fonds de retraite ou de pension) qui échappent à tout contrôle et ne suivent que des objectifs particuliers, sans souci ni de l’avenir ni de l’intérêt général.
Alors qui ? Les braves gens ? Les hommes de bonne volonté, fussent-ils regroupés au sein d’ONG, d’associations, ou reliés par des réseaux ? Ceux-là comptent, bien sûr. Mais ils ne suffiront pas, s’ils doivent se battre à la fois contre les Etats et ceux qui les détruisent.
Les Etats ne peuvent ni ne doivent tout gérer. Ils n’en ont ni la légitimité, ni la compétence, ni les moyens. Ils doivent effectivement “fixer quelques règles ultra-simples“ et déléguer ensuite déléguer au plus proche (régions, communes, si l’on parle de collectivités territoriales, associations ou autres ni l’on pense thématiquement) ou au plus lointain (“autorité“, “gouvernance“ supra-nationale, je ne trouverai ni le mot, ni le périmètre à moi tout seul), s’agissant, d’une part, de pouvoir dialoguer fermement avec les forces trans-nationales et de traiter des questions globales.
Mais les règles, même simples, il faut pouvoir leur donner la taille critique nécessaire et la force de contrebalancer les forces existantes (multinationales, flux financiers, mafias, Etats voyous, etc). C’est là que les Etats et, au-delà, les groupements d’Etats demeurent des outils irremplaçables, à réformer profondément sans doute, mais irremplaçables.
Le monde n’est pas fait que de rivières poissonneuses à protéger localement. Même si c’était le cas, celles-ci sont le plus souvent polluées à des milliers de kilomètres de distance. Le local n’y suffit pas. On n’échappe pas à la médiation dans un monde complexe.
Quelle forme peut-elle prendre ? La démocratie représentative est-elle encore le bon outil ? Le seul possible ? Certainement pas. D’autres formes restent à inventer (démocratie participative, d’initiative populaire ou autres), mais soyons prudents : ceux qui s’attaquent au concept d’Etat aujourd’hui risquent de nous laisser seuls face à des multinationales. Il est à peu près sûr que nous ne gagnerons pas au change.
Et certaines multinationnales n'attendent que ça...
Mais pour moi c'est le contraire qui va se produire, apres 30 ans de sape,l'Etat ou plutôt les futurs dirigeants n'ont d'autres choix que de reprendre les choses en mains.
Tout simplement parce que l'avenir de la classe politique passe par l'intérêt générale
Rédigé par : Fred | 25 décembre 2006 à 20:46
@ José >
D'après Attali interprétant des prévisions 2007 anglo-saxonnes : "Tout semble en effet annoncer que le capitalisme sera bientôt si sur de lui, si maitre du monde, sans contre pouvoir, qu’il déclenchera une véritable opposition globale contre ceux qui le dirigent.".
Les états, si "cul et chemise" avec ce capitalisme, sauront-ils récupérer cette opposition et s'en renforcer ?
C'est peut-être à nous de les y pousser ?
Tu écris : "Les Etats ne peuvent ni ne doivent tout gérer. Ils n’en ont ni la légitimité, ni la compétence, ni les moyens.".
Sur la légitimité à gérer certaines choses, elle est théoriquement définie par des constitutions et s'appuie sur la démocratie : un état démocratique est donc légitime dans le cadre de sa constitution, reste à savoir si l'ampleur de la démocratie telle qu'elle est appliquée, vécue, est convenable, suffisante.
A quel critère en juge-t-on ?
A un plus ou moins grand respect de l'intérêt général... mais faut-il qu'il y ait accord entre les pouvoirs et les électeurs sur ce qui constitue cet intérêt général et c'est probablement là que le bât blesse.
Alors il faut tenter de définir ce qu'est exactement cet "intérêt général" : lorsque J. Chirac voulait "protéger notre industrie chimique" face à REACH, avec un effet à court terme sur les emplois dans cette industrie, et en tenant compte que nous sommes redevables à cette industrie chimique d'une augmentation de 60% des cas de cancer en 20 ans, où se trouve l'intérêt général "le plus général" ?
De la légitimité passons à la compétence : elle se définit à la fois par la constitution, qui décrit les sphères de compétence, et par le "savoir faire" dont doit se munir l'état afin d'assumer correctement ses prérogatives, parmi lesquelles figurent constitutionnellement celles qui consistent à déléguer (Titre XII - Des Collectivités Territoriales, art 72/75) La Constitution du 4 Octobre 1958.
L'état et son giron peuvent donc disposer de toutes les compétences nécessaires à une excellente prise en compte de l'intérêt général : nous en reviendrons donc à ce qui doit définir ce dernier !
Pour ce qui est des moyens, l'état disposera des moyens qu'il voudra se donner, et l'on pourra penser que les années 50 (reconstruction après la seconde guerre mondiale) a été l'auteur d'une assez bonne prise en compte de l'intérêt général (c'est ce qui nous a permis ces "30 glorieuses"), ce qui tendrait à démontrer qu'il n'y a pas d'impossibilité de fond.
Nous en arrivons donc à ta conclusion intermédiaire : "C’est là que les Etats et, au-delà, les groupements d’Etats demeurent des outils irremplaçables, à réformer profondément sans doute, mais irremplaçables.".
De là tu te questionnes sur la démocratie participative, représentative...
Qu'est-ce que la démocratie sinon la possibilité pour chacun à participer à des prises de décisions qui engagent tous ?
Des décisions qui devront refléter ce fameux "intérêt général" et être "justes" par rapport à cet intérêt.
Mais quel est-il ?
C'est véritablement le fond du problème et d'après ce que nous pouvons en savoir l'état français semble agir en expert de la dissimulation : combien de rapports non publiés, de statistiques publiées mais rendues inexploitables, de statistiques inexistantes (par exemple : L’épidémiologie humaine Conditions de son développement en France, et rôle des mathématiques), de commissions à l'indépendance très incertaine vis à vis de certaines puissances aux intérêts très particuliers... ?
Le problème essentiel de la démocratie aujourd'hui est celui d'un savoir aussi objectif et partagé que possible, qui est la condition première à ce que chacun puisse prendre des décisions "justes" en connaissance de cause.
Pour que les multinationales se soumettent aux diktats de l'intérêt général, et donc aux lois des états, répandons le savoir !
Rédigé par : jcm | 26 décembre 2006 à 09:49
Répandons le savoir que nous aurons eut l'humilité dans un premier temps de chercher a agrandir :)
Rédigé par : sophie | 26 décembre 2006 à 10:39
A agrandir, Sophie, ou simplement à répandre, ce que je tente de faire à ma façon (voir le site en lien sur ma signature).
Personne ne peut prétendre afficher une opinion si elle ne repose pas sur le savoir sur lequel elle doit reposer : je n'ai malheureusement aucune opinion dans certains domaines pour lesquels il me semble avoir trop d'ignorance.
Et pour ne pas avoir trop d'ignorance il faut savoir tout se qui peut contredire ce que l'on aurait tendance "à penser", c'est à dire le plus communément contredire ce que l'on aurait tendance à croire sans trop d'éléments pour démontrer qu'on a de bonnes raisons de le croire...
Le doute toujours, et l'indispensable précaution : se documenter, vérifier, apprendre...
Rédigé par : jcm | 27 décembre 2006 à 18:44
ouais
Rédigé par : sophie | 27 décembre 2006 à 18:50