A considérer les chiffres du chômage qui font la joie de nos ministres, on est pris de vertige : 17.400 chômeurs de moins (-0,8%) en un mois, un total revenu à 2,11 millions (8,7% de la population active). C'est simplement merveilleux.
Les mauvais esprits diront que la démographie (vieillissement de la population et départ à la retraite des premiers baby boomers) aide beaucoup le dégonflement statistique et aidera encore pendant une dizaine d'années.
Ils ajouteront qu'on a radié des statistiques des dizaines de milliers de personnes depuis deux ans, que beaucoup de personnes au-delà de 55 ans ne font pas valoir leurs droits et que le gouvernement crée des dizaines de milliers d'emplois-bidon (dans l'éducation nationale depuis septembre et, à partir de janvier, dans les hôpitaux) qui dureront le temps d'une campagne électorale.
Mais ces chômeurs invisibles commencent à être très visibles et au moins aussi nombreux que les chômeurs officiellement recensés, comme le relève l'économiste Pierre Concialdi dans Libération.
Ils sont sans doute 2 à 3 millions, dont 220.000 chômeurs des départements d'outre-mer, 870.000 demandeurs d'emploi à temps partiel ou temporaire, 410.000 chômeurs âgés de plus 55 ans, 450.000 “chômeurs-travailleurs“ à activité réduite, 320.000 demandeurs d'emploi “non immédiatement disponibles“, parce qu'en stage-formation ou en arrêt maladie.
En réalité, depuis une dizaine d'années, le chômage occupe avec constance 4,5 à 5 millions de personnes en France, comme en témoigne le nombre actuel -et officiel- des inscrits à l'ANPE (4,5 millions).
Ce chiffre n'évolue guère depuis 1995, preuve que l'on crée peu d'emplois nouveaux en France.
Mais pourquoi faut-il qu'on vive dans un univers de fiction statistique, réglé par des indicateurs (du PIB au taux de croissance, de l'indice des prix ou à celui du chômage) incomplets, inadaptés ou manipulés ?
Les candidats à la présidentielle s'en soucient-ils ?
Lire aussi : Actu chômage
S'en soucient-ils ? Oui, puisqu'ils sont à l'origine de ces manipulations !
Rédigé par : Francis | 29 décembre 2006 à 14:25
En effet, les demandeurs d'emploi sont non seulement très visibles, mais les pauvres avec un emploi sautent aux yeux ...
Bonne continuation :-)
Rédigé par : dominique | 29 décembre 2006 à 21:19
Je me demande toujours pourquoi on parle de taux de chomage (qui se refere a la population dite "active") plutot que du taux d'emploi sur population totale qui est une mesure bien moins sujette aux manipulations (quand on prends par tranche d'age et sexe).
Un exemple ici :
http://guerby.org/blog/index.php/2006/04/23/66-les-manifestants-francais-sont-des-dieux-en-economie
Fin 2004, le chomage des hommes de 25-54 ans aux USA etait de 4.6% aux USA vs 7.4% en France. Le taux d'emploi sur population totale de la meme population etait de 86.7% en France vs 86.3% aux USA.
Plus de gens qui travaillent en France, et 60% de plus de chomeur ?
Le chomage est un mauvais thermometre, fort heureusement on en a un bien meilleur mais personne ne l'utilise ...
Rédigé par : Laurent GUERBY | 03 janvier 2007 à 15:27
Quelques études intéressantes pour alimenter les débats sur le chômage et l'emploi.
* Chômage officiel et chômage réel en 2005
//travail-chomage.site.voila.fr/chomage/chom_reel2005.htm
* En neuf ans le nombre réel de chômeurs n'a pas baissé en France
//travail-chomage.site.voila.fr/chomage/chom_reel_1996_2005.htm
* Gains de productivité du travail, durée du travail, chômage
//travail-chomage.site.voila.fr/produc/gain_productiv.htm
En France, la productivité du travail a augmenté de 17,22 % en sept ans, pour l'ensemble de l'activité nationale. Sans rien changer à la production de richesses du pays, le nombre d'emplois aurait pu être
augmenté de 17,22 % en réduisant de 14,69 % la durée réelle du travail. En moyenne, avec des transferts d'emplois entre secteurs d'activité, le nombre d'emplois aurait augmenté de 4 284 500. Le chômage réel aurait beaucoup baissé.
* Plus d'emplois créés en France qu'en Angleterre en 15 ans
//travail-chomage.site.voila.fr/britan/emploi_15ans.htm
En quinze ans, de 1990 à 2005, la France a créé davantage d'emplois (2 520 000 : +11,25%) que l'Angleterre (1 520 000 : +5,82%). Le modèle libéral britannique n'est donc pas supérieur au modèle social français.
* Manipulation des chiffres du chômage dans un pays du nord
//travail-chomage.site.voila.fr/danois/dk_merite.htm
En 2004, le Danemark a plus de préretraités (187 200) que la France (139 700) pour une population active dix fois plus faible. Avec les autres mesures de marché du travail, le nombre réel de chômeurs est 2,52 fois le nombre officiel. Le taux de chômage réel devient 14,65 % au lieu d'un taux officiel de 6,38 %.
Avec une évolution de sa population active identique à celle du Danemark depuis quinze ans, non seulement la France n'aurait plus aucun chômeur officiel, mais le chômage réel serait résorbé pour l'essentiel. Et cela sans introduire une plus grande flexibilité des contrats de travail.
* Durée du travail : apparences et réalité, France et autres pays
http://travail-chomage.site.voila.fr/emploi/duree_travail.htm
Si l'on fait la moyenne de tous les emplois, à temps partiel et à temps complet, la durée de la semaine de travail est :
- 36,3 h en France
- 36,2 h en Italie
- 35,1 h au Danemark
- 33,6 h en Allemagne
- 33,2 h en Espagne
- 31,7 h en Grande-Bretagne
- 30,1 h en Suède (36,1 h pour ceux "au travail")
- 29,2 h aux Pays-Bas
- 33,8 h aux Etats-Unis
* La gauche crée plus d'emplois du secteur privé, à croissance égale
//travail-chomage.site.voila.fr/emploi/5ans_emploi_prive.htm
Un site bien documenté, à consulter.
Rédigé par : Lola | 07 janvier 2007 à 18:49
Merci Lola, de toutes ces précisions :)
Rédigé par : José | 07 janvier 2007 à 20:05
Sur la flexibilité ce texte est très intéressant : La fable de la flexibilité, par Michel Husson.
A soumettre à la prochaine assemblée du Medef !!!
Rédigé par : jcm | 07 janvier 2007 à 20:16