Les partisans de la division internationale du travail se préparent sans doute quelques surprises dans les années qui viennent.
Ceux-là professent, depuis des années, que la mondialisation des échanges aboutit à une nouvelle répartition des tâches entre pays : aux pays développés le développement des emplois de service à forte valeur ajoutée, aux autres le bénéfice de la délocalisation des emplois industriels ou moins qualifiés.
Mais cette vision “idéale“ commence à être sérieusement contestée. Pour ne prendre qu'un exemple, dans les 15 ans qui viennent, la Chine, atelier du monde, va-t-elle devenir, son laboratoire ?
Selon une étude de l'OCDE publiée aujourd'hui, la Chine se hissera, dès cette année, au 2e rang des pays investisseurs dans la recherche et développement.
"La rapidité de progression de la Chine en termes de volume de dépenses de R-D et d’emploi de chercheurs est spectaculaire" déclare Dirk Pilat, Chef de la Division de la politique scientifique et technologique à l’OCDE, qui ajoute : "Pour ne pas se laisser distancer, les pays de l’OCDE doivent renforcer l’efficience de leurs systèmes de recherche et d’innovation et trouver de nouveaux moyens de stimuler l’innovation dans un contexte mondial marqué par l’intensification de la concurrence".
Avec un investissement de 136,3 milliards de dollars, multiplié par 11 depuis 16 ans, la Chine dépasse pour la première fois le Japon (129 Md$, en augmentation de 188% depuis 16 ans), mais reste loin des Etats-Unis (337,9 Md$, en augmentation de 209% depuis 16 ans).
Par comparaison, l'Union Européenne à 15 aura investi 233,3 Md$ en 2006 (en augmentation de 192% depuis 1991) et l'Allemagne seule, 63,3 Md$ (en augmentation de 165%).
La Chine compte aujourd'hui 926.000 chercheurs (en augmentation de 77% entre 1995 et 2004) pour 1,3 million aux Etats-Unis.
A ce rythme, la Chine devrait dépasser l'Europe en 2011 et les Etats-Unis avant 2020.
Reste la question de la qualité de la recherche : aujourd'hui, beaucoup se rassurent en Occident, en affirmant que les chercheurs chinois ne sont pas aussi performants que leurs confrères américains ou européens. A leur place, je ne me reposerais trop longtemps pas sur des lauriers de ce type.
Et contrairement à ce qu'on pense, la Chine est aussi à fond les ballons dans l'industrie écologique : 85 milliards de dollars investi en 5 ans pour atteindre les objectifs environnementaux, développement du solaire, de l'éolien et du biogaz, investissements dans les "voitures propres", priorité nationale aux transports publics... A côté de cela, les propositions pour la présidentielle 2007 font pâle figure. Si nous sommes largués technologiquement dans quelques années, on saura "la faute à qui".
Ces données sont tirées de L'état de la planète 2006 (publication du plus ancien observatoire du développement durable et de l'état du monde, le woldwatch Institute) centré sur la Chine et l'Inde, que l'on peut
commander ici.
Ou... comment s'informer autrement
Rédigé par : isabelle | 04 décembre 2006 à 21:30