Le post ci-dessous, Oaxaca en sang, présente un intérêt pour ceux qui ne sont pas concernés par les événements du Mexique ou de Oaxaca : il démontre clairement que les infos que vous recevez chaque jour sont souvent incomplètes, fausses, manipulées ou simplement inexistantes.
Car tandis que vous êtes mis au courant de tous les détails de la dernière partie de touche-pipi d'un curé de campagne, des bonnes recettes pour congeler des enfants, ayez la curiosité d'aller lire ce que racontent, ce matin, les agences de presse sur Oaxaca : AFP, rien, AP et REUTERS pas grand chose, voire de la fausse nouvelle.
Sur les événements de samedi, il est notamment question, dans ces dépêches, de 9 blessés et de quelques bâtiments atteints par des cocktails molotov. Faites l'examen-fenêtre et comparez ces dépêches avec le post ci-dessous, dont une partie des informations -celles sur l'incendie de 34 immeubles notamment-, est de source gouvernementale.
Ça, c'est donc pour Oaxaca.
Mais imaginez les autres sujets. De politique étrangère, d'économie, d'environnement, de société... Eh bien ils sont traités avec la même conscience, la même curiosité.
Sauf, bien sûr, quand un journaliste est pris en otage ou tué, ce qui est évidemment regrettable, mais ne justifie ni l'indifférence, ni l'amateurisme sur le reste.
Merci Casabaldi pour les liens vers les dépêches des meilleures agences de presse du monde.
Oui, Oaxaca justifierait que les chaînes zappent le foot, la dernière petite phrase de Sarko et d'autres mais... à partir de combien de morts le Mexique sera-t-il "vendeur" ?
Mais si les agences restent muettes on comprend que les chaînes le soient.
A quoi tient donc ce silence des agences ?
Manque de moyens sur place, manque d'intérêt ?
Rédigé par : jcm | 27 novembre 2006 à 16:16
"Manque de moyens sur place, manque d'intérêt ?"
Je dirais plutôt intérêt à ne pas en parler.
Rédigé par : pipo | 27 novembre 2006 à 16:34
Ne sachant pas et ne pouvant rien prouver, je dois me contenter de demander, Pipo ! :-)
Rédigé par : jcm | 27 novembre 2006 à 17:00
Un autre jour, j'aurai rien dit.
Sur Oaxaca, les media, d'ac.
Je bloque sur une phrase, juste parce qu'aujourd'hui tu as choisi de relayer un post à moi, très court, plein de chiffres, sur les violences faites aux femmes. Quand on y lit les chiffres sur les violences sexuelles subies par les mineures [ça tourne aux alentours de 30 %], la phrase suivante me parait très malvenue : "tandis que vous êtes mis au courant de tous les détails de la dernière partie de touche-pipi d'un curé de campagne...".
Le traitement des media sur ces question est certe aussi lamentable que sur plein d'autres. En remplaçant l'enquête de fond par l'anecdotique, ils vendent leur merde à ceux qui l'achète, malheureusement, il la fourguent aussi à ceux qui n'ont pas les moyens [économiques et culturels] de s'en passer. Sur ce coup, ils contribuent à occulter la question des violences masculines, en cachant l'ampleur des dégats par du one shot [shit] audimateux.
Ce n'est pas une raison pour en rajouter une couche en banalisant et en euphémisant à coup de "touche-pipi" de curé.
Je te dis, un autre jour, j'aurai sans doute rien dit, mais là... pft :o(
Rédigé par : charlie | 27 novembre 2006 à 17:25
Je suis assez d'accord avec Charlie : "le fait divers" (si on peut appeler fait divers une femme mourant tous les trois jours en France sous les coups de son compagnon) est pour moi assez important dans l'actu.
Ce que je ne supporte plus c'est comment en effet les rédactions -ou les agences de presse- traîtent l'actu internationale -quid de l'eau dans le conflit israëlo-palestinien-syrio-libanais par exemple- et nationale sur le plan politique.
Là, José, je te rejoins tout à fait.
Ce que je ne supporte plus non plus, en terme de "violence ordinaire", c'est comme il est facile de rejeter la responsabilité sur les familles. Avec une violence permanente dans les dessins animés, les téléfilms, les jeux-video, la pub, avec le sacro-saint culte de la compétitivité et de l'individualisme (voir les séries américaines pour enfants sur le culte du "moi je" ou la star ac')... C'est facile de crier à la responsabilité des familles sans prendre la sienne - celle de l'état- dans une régulation de ces programmes.
Rédigé par : isabelle | 27 novembre 2006 à 20:13
Désolé, Charlie. Mon mauvais goût passe parfois par les mots (et encore, j'ai dit à F. le titre auquel j'avais échappé pour la reprise de tes infos :), d'autres concentrent le leur sur leurs sentiments ou leurs actions. Nobody's perfect.
Un mot, cependant : mes exemples, exprimés sans excès d'élégance, ne sont effectivement pas pris au hasard.
Je suis prêt à parier que, depuis 2 ou 3 ans, 1 journal TV sur 4 (sur TF1 ou France 2) commence par un sujet sur un viol, un meurtre d'enfant ou leurs suites judiciaires. Quelqu'un a vu des études là-dessus ?
Rédigé par : josé | 27 novembre 2006 à 20:47
Bon. Si l'appellation "touche-pipi" est effectivement malvenue, j'aimerai qd même revenir au sujet de ce post.
C'est mine de rien, une des premières fois, que quelqu'un (ici, José) suis de près un événement ET qu'il a l'occasion d'en faire bénéficier (avec un certain "professionnalisme") les lecteurs de son blog. Les débuts, en gros, d'un vrai journalisme citoyen (je mets de côté indymedia)
Et qu'il a du coup, l'occasion de mesurer (et de proposer à chacun de le faire) le gouffre hallucinant qui sépare ce qui semble se passer (d'après les infos, recoupées, que chacun peut en avoir) et ce qu'en disent les agences de presse.
ça me semble assez important pour être ET signalé ET encouragé.
Car, je crois, Pipo, qu'il n'y a malheureseument pas là-dedans de "manipulation". Non, ils n'ont pas "d'intérêt" à ne pas en parler ou de mots d'ordres etc. Il n'y en a même plus besoin ! c'est donc presque pire que ça...
Il n'y a tout simplement pas de journalistes là-bas ! Il doit y avoir un envoyé permanent de quelques canards à Mexico, le cul dans un fauteuil, et basta !
qui ne sert en gros à rien, puisque ces collègues se contenteront de toutes façons de délayer les dépêches des agences qui ont la qualité qu'ont vient de voir.
Et c'est juste comme ça TOUT le temps, sur TOUS les sujets (à part les dessous de tel ou tel candidat, sur lesquels alors là, oui, ça enquête sévère !).
Le pire étant sans doute, que lorsqu'un journaliste daigne enfin faire son métier ça se termine à 90% par : soit on ne publie pas, pas la place, y a telle actu (ou alors un entrefilet en page 12), soit, et c'est le comble par "bah, moi je ferai bien un papier dessus, mais "mes" lecteurs ne comprendraient pas..."
et ils n'ont, parfois, pas complètement tort.
Rédigé par : casabaldi | 27 novembre 2006 à 20:59
J'ai fait un billet hier soir en m'étonnant de la différence en les témoignages et des dépêches des agences, qu'elles qu'elles soient (lien sur mon nom).
Les journalistes ne sont, comme dit Casabaldi, tout simplement pas à Oaxaca. Mais cela vient aussi, me semble-t-il avoir lu, de la méfiance (peut-être justifiée) de l'APPO envers les journalistes (ou prétendus tels) des agences.
Jcm demande: " à partir de combien de morts le Mexique sera-t-il "vendeur"?" Le problème est que les dépêches des agences ne parlent pas des morts, disent que ce sont les "émeutiers" qui cassent. Ceci dit, vu que les journalistes prennent leurs infos auprès de l'armée, tout cela est très logique.
Rédigé par : Philippe. | 27 novembre 2006 à 21:53
Tant que les médias traditionnels n'auront pas compris qu'ils sont en train de se faire mettre à l'amende par leur lecteur et leur spectateurs, rien ne changera.
Malheureusement aussi la curiosité n'est pas le fort des gens. Mieux vaut une info pas trop poussée apportée avec le plateau repas qu'une recherche sur quelques obscurs mexicains dont on ne connait pas grand chose et qui en plus parlent pas français!!
Je ne sais pas de qui désesperer en fait...
Rédigé par : frednetick | 28 novembre 2006 à 10:02
Ok, Frednetick : mais ce que je voulais montrer, c'est que les “obscurs mexicains“ (mais qui sont ces mecs si cons qui sont à Mexico ? ;) peuvent aussi être d'ici et parler un excellent français.
Regarde par exemple, la “couverture“ faite de la récente proposition de loi UDF sur la règlementation de la propriété des médias, dont il a été question ici. Pas un mot. Oualou. Que dalle. Silence, on dort.
Rédigé par : josé | 28 novembre 2006 à 10:24