Le capitalisme total, de Jean Peyrelevade, décrit par le menu, avec maîtrise et clarté, les mécaniques économiques et financières qui régissent le monde actuel. En voici quelques aspects :
• désincarnation du capitalisme (qui n’a plus rien à voir avec les “200 familles“ de l’avant-guerre, chapeau claque, queue de pie et cigare émergeant d’une dentition carnassière). Aujourd’hui, le capitalisme, ce sont 300 millions de personnes à travers le monde, qui ont délégué à quelques dizaines de milliers d’opérateurs (banques, assurances, fonds de pensions) la gestion de sommes colossales.
Celles-ci, placées en actions d’entreprises, n’ont qu’un objectif : dégager une profitabilité de 15% l’an. Mobiles, insaisissables, ces sommes sautent d’une entreprise à l’autre, courent d’un pays à l’autre, sans aucun cadre, aucun frein institutionnel ou légal, sans aucun autre souci de création de valeur que le seul profit des actionnaires.
• gouvernance des entreprises (cotées) exclusivement orientée vers la satisfaction de l’intérêt des actionnaires. Le management n’a plus vocation a arbitrer entre tous les acteurs de l’entreprise : salariés, clients, fournisseurs, institutions, actionnaires. Il est au seul service de l’actionnaire.
• effondrement du pouvoir de régulation des états nationaux. Aucun pays n’échappe à la logique du capitalisme total, aucun n’a la puissance de s’y opposer seul.
Y a-t-il des solutions à ce cours des choses, dont l’auteur convient qu’il nous conduit droit dans le mur, financièrement, économiquement, socialement, environnementalement ? Après avoir noté qu’il est inimaginable de compter sur une auto-régulation d’un système emballé, Jean Peyrelevade en relève quelques-unes, de bon sens, mais moins convaincantes que sa description.
La première : toute réaction strictement nationale étant suicidaire, face à un adversaire mondialisé, seule une réaction mondialisée fait sens.
Il invite ainsi, d’un côté, les intellectuels, les hommes politiques, les économistes, les managers, etc, à quitter leur vision “villageoise“ et à confronter leurs idées à travers le monde, avec les américains, notamment.
D’un autre côté, il appelle les Etats à se rassembler, à s’unir, pour acquérir la taille critique susceptible de leur permettre d’imposer des lois, des règles et des normes, capables de réguler le marché.
Autant dire qu’on n’y est pas…
Faudra-t-il pousser le système dans le mur, le paralyser, avant qu’il nous y conduise ?
Effectivement c'est un peu "général" sur les propositions. Mais si on veut les appliquer à notre niveau, il faut tout de suite faire une page anglaise de Freemen et ouvrir le réseau aux autres pays !
PS : c'est bien de voir mettre les économistes dans le lot mais le problème est que d'ici là ils auront été pendus.
Rédigé par : Adam Kesher | 27 octobre 2005 à 19:55
S'agissant de Peyrelevade, je crois qu'il est dans la bonne dimension -globale-, mais que celle-ci n'est pas maîtrisable par la bonne volonté, sauf catastrophe préalable -implosion ou explosion du système-, tout à fait imaginable dans un futur pas si lointain.
Par ailleurs, tout à fait d'accord, Adam, avec une version anglaise des Freemen, un truc comme “Hommes libres“, par exemple (tiens, au fait, savais-tu que Thaîlande, ça veut dire “pays des hommes libres“, un peu comme France, d'ailleurs).
Sérieusement, évidemment qu'il faut une/des versions dans d'autres langues. On ne va pas changer le monde, stopper les dérèglements climatiques, domestiquer le “grand capital“, en comptant sur les seules forces périgourdines -ce qui paraît ridicule- ou parisiennes -ce qui, en fait, l'est tout autant-.
Rédigé par : José | 27 octobre 2005 à 20:17
pour ma part qd les economistes tirent eux meme la sonnette d'alarmes c'est que l'implosion n'est pas loin.
Rédigé par : actuz boy | 28 octobre 2005 à 00:12